vendredi 24 mars 2006

Yes: 9012 Live


"Breaking down the dreams we make
Real." (in "Cinema")

Yes
En six ans, de 1965 à 1970, la Grande-Bretagne a vu successivement naître six des plus grands groupes de l'histoire du rock (progressif comme on l'appelait à l'époque) : Pink Floyd, Genesis (1966-1975 puis 1975-1992), Jethro Tull, Yes, King Crimson et Emerson, Lake & Palmer. Formé à Birmingham par le chanteur Jon Anderson et le bassiste Chris Squire, Yes réunit alors Tony Kaye aux claviers, Peter Banks à la guitare et Bill Bruford à la batterie. Après un concert improvisé au Speakeasy Club de Londres en octobre 1968, le groupe assure la première partie du concert d'adieu de Cream au Royal Albert Hall, puis, au même endroit, celle de Janis Joplin avant de signer avec Atlantic Records, label sur lequel sort, en novembre 1969, leur premier album éponyme. Le style de Yes est singulier, immédiatement identifiable, caractérisé par des compositions sophistiquées et remarquablement arrangées, mêlant des influences folk et classiques, avec lesquelles la voix de fausset de Jon se marie harmonieusement.
"Time and a Word" paraît en août 1970. Bien qu'enregistré avec Peter Banks, c'est son remplaçant, Steve Howe, qui apparaît sur la pochette. Avec cet album et les prestations publiques qui suivent sa sortie, la popularité du groupe croît rapidement, phénomène conforté par leur participation au concert d'Iron Butterfly et la parution de leur troisième disque, "The Yes Album", en avril 1971, dont le niveau musical fait un saut qualitatif flagrant par rapport au précédent. "Your Move" entre dans les charts US et "Starship Trooper", "I've Seen All Good People", "Perpetual Change" et "Yours Is No Disgrace" deviennent des hits durables de leur répertoire. Plus que des chansons, ces titres sont conçus comme des œuvres symphoniques, souvent structurées en parties et laissant une large place à un contenu imagé, voir mystique.
Yes effectue, la même année, sa première tournée aux Etats-Unis en première partie de Jethro Tull. La préparation de l'album suivant doit s'interrompre lorsque Tony Kaye quitte le groupe pour rejoindre Peter Banks au sein de Flash, bientôt remplacé par le fantasque mais flamboyant Rick Wakeman. Dans cette configuration, qui ne va durer qu'un an, le groupe atteint, de l'avis de la majorité des amateurs du genre, un sommet instrumental et musical que traduit "Fragile", écrit et enregistré en deux mois seulement, l'un des deux meilleurs albums de cette période, classé numéro sept au Royaume-Uni et numéro quatre aux Etats-Unis. Avec "Roundabout", Yes surpasse désormais commercialement les grands rivaux Emerson, Lake & Palmer et King Crimson.
"Close to the Edge", sorti en septembre 1972, confirme le talent et le succès du groupe, atteignant, sans l'aide de single, respectivement les quatrième et troisième places en Angleterre et aux Etats-Unis. Les trois longues, riches et complexes compositions de l'album restent inoubliables pour ses auditeurs. D'autant qu'elles sont les dernières rythmées par la pulsation subtile et savante de Bill Bruford, recruté par Robert Fripp pour former un nouveau King Crimson. C'est à Alan White, un instrumentiste de session connu pour avoir joué avec le Plastic Ono Band de John Lennon, que revient la lourde charge de remplacer ce batteur mélodiste et technicien hors pair. Les meilleures captations de la tournée de promotion organisée à travers le monde sont réunies pour former le triple album "Yessongs".
La gestation de "Tales From Topographic Oceans" sera plus longue et laborieuse que celle des productions précédentes. Cette attente contribuera pourtant à en faire un disque d'or avant même sa sortie en janvier 1974 mais "Tales..." divisera la critique et le public comme jamais auparavant. Il est aussi à l'origine du départ, en juin 1974 soit à peine un mois après la sortie de son deuxième album solo, d'un Rick Wakeman devenu un membre essentiel du groupe. Le Suisse Patrick Moraz, à la personnalité nettement moins affirmée, notamment en public, le supplée en août et participe à la création du plus modeste "Relayer". Chris Squire et Steve Howe, puis les autres membres travaillant chacun à leur propre album solo, l'absence de Yes suscite l'émergence de groupes de substitution, tel Starcastle. Après deux autres productions plutôt moyennes malgré le retour provisoire de Wakeman, Anderson, en mars 1980, quitte à son tour un navire à la dérive sur lequel embarquent néanmoins le chanteur et guitariste Trevor Horn et le pianiste Geoffrey Downes. La dissolution du groupe est annoncée en avril 1981. Chris Squire et Alan White réunissent Tony Kaye et le guitariste sud-africain Trevor Rabin, devenu un prolifique auteur de musiques de films, au sein de Cinema, formation qui, après avoir convaincu Anderson de la rejoindre, servira de rampe de lancement au nouveau Yes et à un nouvel enregistrement, "90125".

9012 Live
Steven Soderbergh a vingt et un ans et ne possède encore aucune réalisation significative à son actif lorsqu'il est chargé de filmer l'un des concerts de clôture, donné le 28 septembre 1984 au Coliseum Bowl d'Edmonton (Alberta, Canada), de la longue tournée de promotion de ce dernier album. Sa seule expérience jusque là est celle, brève, de monteur free lance à Hollywood. Si sa captation n'annonce pas vraiment Sex, Lies, and Videotape, c'est bien un cinéaste qui est aux commandes, et de surcroît, visiblement un amateur de musique. Son travail est plutôt adroit, original et pertinent. En revanche, passée la surprise initiale, les incrustations et autres effets visuels associés au film deviennent vite lassants et la version expurgée s'impose pour ceux qui veulent réellement profiter du spectacle.
Celui-ci est d'ailleurs partiel puisque manquent huit des titres interprétés ce soir-là. La prestation est honorable mais l'amateur du premier Yes qui signe ces lignes a du mal à trouver une qualité et un charme identiques chez cet ersatz américanisé du groupe de 1972. Le doigté résolument rock de Trevor Rabin ne parvient pas à faire oublier les prouesses espiègles et chromatiques de Steve Howe, la frappe trivialement binaire d'Alan White les chausse-trapes rythmiques de Bill Bruford et la placidité de Tony Kaye l'exubérance baroque et démoniaque de Rick Wakeman.

Le groupe :
Chant : Jon Anderson
Basse, chant, : Chris Squire
Guitare, chant : Trevor Rabin
Batterie, percussions : Alan White
Claviers : Tony Kaye

Les titres :
1. Intro
2. Cinema
3. Leave It
4. Hold On
5. I've Seen All Good People
6. Changes
7. Owner of a Lonely Heart
8. It Can Happen
9. City of love
10. Starship Trooper
Bonus Song :
Roundabout

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