lundi 6 février 2006

The Velvet Underground: Velvet Redux Live MCMXCIII


"First thing you learn is you always gotta wait." (in "I'm Waiting For My Man")

The Velvet Underground
Rares sont les amateurs de rock qui n'ont jamais entendu parler du Velvet Underground. On pourrait même dire que ceux qui ont vécu à la fin des années 1960 ou au cours de la première partie de la décennie suivante, ont rencontré, d'une manière ou d'une autre, cette formation new-yorkaise à l'époque novatrice et inclassable. Une célèbre formule, souvent attribuée au fantasque titulaire des claviers de Roxy Music, Brian Eno, stipule que les quelques centaines d'exemplaires d'albums du Velvet vendus ont chacun suscité la création d'un groupe. Si la validité de ce postulat, crédible, reste à confirmer, on peut, en revanche, affirmer que le phénomène V.U. est devenu et resté l'objet d'un culte et a ouvert une voie inexplorée dans laquelle les ont notamment suivi des artistes tels que David Bowie, Patti Smith ou encore Iggy Pop. Il a également notablement influencé les courants punk et new wave qui sont apparus un peu plus tard.
L'association du natif de Brooklyn Lou Reed et du Gallois John Cale a pour ambition de réaliser la fusion de l'avant-garde avec le rock&roll. Une alchimie aujourd'hui totalement évidente mais qui l'était nettement moins en 1964. D'abord appelé the Primitives (au sein duquel on trouvait le cinéaste expérimental Tony Conrad), le groupe devient The Velvet Underground avec l'arrivée du vieil ami de Reed, le guitariste Sterling Morrison et de la batteuse (non moissonneuse !) Maureen Tucker, remplaçante de l'éphémère Angus MacLise. L'originalité du groupe est de puiser son inspiration dans la réalité sociale et urbaine de New York, évoquant avec une crudité inédite des thèmes comme la drogue, le sadomasochisme (le nom du groupe est celui d'un ouvrage de Michael Leigh inspiré du sujet) et, plus généralement, la décadence dans des titres mi chantés-mi parlés par Lou Reed et sur lesquels le violon de Cale apporte une tonalité rare et frénétique.
La cerise (banane !) sur le gâteau fut l'intérêt manifesté pour le groupe par l'icône du pop-art Andy Warhol, lequel devenait rapidement son manager et producteur et contribuait à lui donner cette dimension artistico-médiatique dont l'ancien publicitaire avait le secret. C'est aussi le créateur de la Factory qui est à l'origine du recrutement du mannequin Nico, par ailleurs actrice et chanteuse, qui précède la sortie, en janvier 1967, du premier disque appelé tout simplement "The Velvet Underground & Nico", enregistré en un ou deux jours et resté célèbre pour sa pochette conçue et dessinée par Warhol. Compte tenu du caractère hautement subversif de ses titres, aucune radio généraliste ne le programma, compromettant ainsi le succès commercial de l'album.
"White Light/White Heat", qui paraît en novembre de la même année, connaît le même sort. Nico partie, Warhol passé à autre chose, les compositions du Velvet explorent, comme par exemple avec le sixième et dernier titre, "Sister Ray" d'une durée de dix-sept minutes, une veine plus agressive et radicale. Mais l'opposition apparue entre les deux principales figures créatives du groupe et le départ, à l'automne 1968, de John Cale, remplacé par le bassiste Doug Yule, va contribuer, de manière sensible, à adoucir des morceaux jusque là caractérisés par leurs subtiles puissance et violence, évolution manifeste dans les troisième et quatrième disques, "The Velvet Underground" et "Loaded" (ce dernier sans 'Moe' Tucker), sortis en 1969 et 1970. Le départ de Lou Reed, au cours de l'été 1970, prélude à l'entame de sa carrière solo, sonnait le glas d'un Velvet bientôt laissé sous la conduite de Doug Yule, lequel porte seul la responsabilité d'un pitoyable album abusivement crédité au groupe dont nous tairons, par charité, le titre.

Redux Live MCMXCIII
Comme cela arrive parfois, la notoriété d'un artiste ou d'un groupe s'amplifie à titre posthume. The Velvet Underground a connu cette seconde gloire tardive. Les deux importants volumes d'enregistrements en public de 1969 sont sortis en 1974, témoignage de la qualité singulière du groupe dans cet exercice, puis les albums originaux ont été réédités dans les années 1980. Malgré les rancœurs persistantes entre John Cale et Lou Reed, une tournée européenne a finit par être organisée en 1993, avec trois dates à "L'Olympia" les 15, 16 et 17 juin et l'enregistrement de vingt-trois titres destinés à la parution d'un double album en octobre de la même année.
C'est une partie de ces concerts qui fait l'objet de la première et seule captation du Velvet à ce jour disponible en vidéo (même s'il existe du matériau datant de la première et grande époque à peu près inexploité). En regardant ces images, qui bénéficient d'emblée de toute notre sympathie d'autant que Sterling Morrison est décédé un peu plus de deux ans après ces prestations, on se dit toutefois qu'il est bien difficile de ressusciter un mythe et de recréer une magie disparue depuis si longtemps. Dans l'intervalle, la créativité de Lou Reed (que l'on aperçoit dans The Soul of a Man) et celle de John Cale (compositeur de la B.O. d'American Psycho ou de N'oublie pas que tu vas mourir) ont connu des hauts et des bas et c'est peut-être, étrangement, la carrière de Maureen 'Moe' Tucker qui est restée la plus constante sur la durée.
Malgré les accords discordants de Cale au claviers sur "Some Kinda Love", tout cela est trop propre, trop gentil. La tension et la fièvre, même sur "I'm Waiting For The Man" et "Heroin", ont baissé, ce qui ne constitue pas, pour le coup, un motif de réconfort. Impression renforcée par une réalisation et une mise en scène un peu pataudes, comme à la recherche, elles aussi, d'une inspiration vertigineuse. Le long (presque) instrumental, en forme d'improvisation, "Hey Mr. Rain" ne fait pas illusion et le remplacement de Nico par Cale dans l'interprétation de "Femme Fatale" devient, dans ce contexte, au choix drôle ou ridicule. Davantage, en tous cas, que lorsque Maureen, stupéfiante par la régularité et la puissance de sa pulsion, fait sa Starr en entonnant "I'm Sticking With You".

Le groupe :
Chant, guitare : Lou Reed
Basse, violon, claviers, chant : John Cale
Guitare, basse, chant : Sterling Morrison
Batterie : Maureen 'Moe' Tucker

Les titres :
1. Venus in Furs
2. White Light/White Heat
3. Beginning To See The Light
4. Some Kinda Love
5. Femme Fatale
6. Hey Mr. Rain
7. I'm Sticking With You
8. I Heard Her Call My Name
9. I'll Be Your Mirror
10. Rock 'n' Roll
11. Sweet Jane
12. I'm Waiting For The Man
13. Heroin
14. Pale Blue Eyes
15. Coyote

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