lundi 17 octobre 2005

Shuang xia (duo mortel)


"On va ruser"

Six films de Chang Cheh sortent en 1971*, dont le fameux San duk bei do. Shuang xia est le dernier d'entre eux, mais la parenté avec l'illustre opus précédant est manifeste. Toujours à partir d'un scénario de Ni Kuang, le réalisateur réactive (c'est le cas de le dire !) son couple d'acteurs fétiches, David Chiang et Ti Lung, mais en inversant ici leur statut et leur sort. La majeure partie du casting et des décors est, du reste, identique. Et comme dans San duk bei do, une partie essentielle de l'intrigue se déroule également autour d'un pont. Shuang xia, malgré ses qualités, est caractéristique d'un certain essoufflement du genre wu xia pian. Après Da jue dou, l'Ogre, avec l'efficace Ma yong zhen, cédera d'ailleurs à la mode des films d'action urbains et de kung-fu lancée notamment avec Tang shan da xiong.
Les Jin ont fait tomber la dynastie des Song du nord, ont envahi cette partie de la Chine et capturé les empereurs Hui et Qin et le prince Kang. Le chevalier Bao Ting-tian, dit Hache-divine, avec quelques compagnons, interrompt une séance d'exécution, tue le champion Métal-céleste, affronte Wan Tian-kui, le chef de la garde Jin et libère des partisans Song. Il apprend, grâce à l'un des soldats secourus, l'endroit où est retenu le prince. La demeure en question est protégée par un précipice enjambé par un pont délabré. Seul un pratiquant du kung fu de l'envol tel que l'ancien bandit Yan Lü-ren est en mesure d'affronter cet obstacle. Bao se rend donc à Xinglong pour lui demander son aide. Lorsqu'il arrive, il a été précédé par Feu-tonnant, un autre champion au service des Jin et par Chauve-souris, l'ex-condisciple de Yan.
Avec ce film, les amateurs d'action et d'hémoglobine sont à la fête. Dans ce qui constitue l'une des œuvres les plus concises du réalisateur, les combats à l'arme blanche (y compris les redoutables cymbales de Métal-céleste et à l'exception des explosifs du bien nommé Feu-tonnant) se succèdent à un rythme effréné. En revanche, les admirateurs de vedettes féminines crieront famine au spectacle de cette histoire exclusivement masculine. San duk bei do n'accordait déjà que peu de place au développement de la psychologie des personnages, ceux de Shuang xia restent, dans ce domaine, de parfaits inconnus. La trame narrative est d'une simplicité enfantine, tout juste rendue légèrement confuse, à son amorce, par un flash-back bien inutile. Etrangement, malgré l'expérience et le talent réel, généreux voire excessif de Chang Cheh, la mise en scène, principalement en décors naturels, donne certains signes d'hésitation et/ou de fébrilité. Celle-ci manque, en effet, un peu d'homogénéité globale, le cinéaste utilisant, au début du métrage, quelques effets ostentatoires (zoom, arrêt sur image) avant de revenir à une réalisation bien plus classique. Si Shuang xia n'est pas une pièce maîtresse de la filmographie du maître chinois, il n'en demeure pas moins un film plaisant.
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*cette année marque le début de la période la plus prolifique du réalisateur qui s'interrompra treize ans plus tard avec le déclin de la Shaw Brothers. Huit productions signées Chang Cheh sortiront en 1972, un record !

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