lundi 24 octobre 2005

George Harrison and Friends: The Concert for Bangladesh


"Now I'm asking all of you to help us save some lives." (in "Bangladesh")

Contexte
Le Bangladesh, précédemment appelé Pakistan oriental au moment du transfert de souveraineté intervenu le 15 août 1947 entre le Royaume-Uni d'une part, l'Inde et le Pakistan d'autre part, déclare son indépendance le 26 mars 1971. Distant de près de mille sept cent kilomètres du Pakistan occidental, il se voit imposer la loi martiale et est occupé par l'armée pakistanaise. La guerre civile éclate, dix millions de réfugiés se rendent en Inde, des centaines de milliers de civils sont tués. (l'Inde, qui soutient le Bangladesh, enverra des troupes le 3 décembre 1971. Après une guerre de quinze jours, la troisième guerre entre les deux pays, les troupes pakistanaises se rendront le 16 décembre 1971 et un cessez-le-feu sera décrété) La situation humanitaire, déjà complexe, est dramatiquement compliquée par les pluies torrentielles qui s'abattent sur le pays.
Le musicien Bengali Ravi Shankar demande alors à son ami George Harrison, l'ex-membre des Beatles*, de l'aider à trouver des fonds pour au moins ralentir le désastre humain en cours. Celui-ci enregistre le titre "Bangladesh" et convainc sa maison de disques de sortir "Joi Bangla" de Shankar. Dans la foulée, deux concerts sont organisés le même jour au Madison Square Garden de New York. Sollicité, John Lennon accepte puis quitte la ville deux jours avant le concert. Paul McCartney refuse pour de triviales raisons juridiques liées à la scission des Beatles. Du groupe, seul Ringo Starr participera à l'événement. Egalement espéré, Mick Jagger doit renoncer parce qu'il ne peut obtenir un visa d'entrée sur le territoire US.
Le premier concert de charité de l'histoire du rock est sur les rails. Parmi les musiciens présents sur scène ce 1er août 1971, Eric Clapton dans sa première apparition en public depuis la fin de l'expérience Derek and the Dominos en décembre 1970 et sous l'emprise de quelques substances prohibées (il s'évanouira d'ailleurs pendant le concert), l'artiste soul et R&B américain Billy Preston, qui accompagnait les Beatles sur "Let It Be", Leon Russell, le musicien de Jerry Lee Lewis, Phil Spector(le coproducteur musical du concert) et manager-compositeur de Joe Cocker, l'allemand Klaus Voormann, un proche des Beatles, le créateur de la pochette de "Revolver" et, notamment, le remplaçant de Jack Bruce auprès de Manfred Mann. Sans oublier, bien sûr, Bob Dylan absent des scènes depuis le Festival de l'Ile de Wight en août 1969.
(voir également Concert for George)

Concert
Après une introduction de George Harrison, en conférence de presse, sur les motivations du concert, celui-ci débute par la partie indienne (Ravi Shankar, Akbar Khan, Ustad Alla Rakah, Kamala Chakravarty) d'un peu plus d'un quart d'heure (écourtée par rapport à la prestation réelle), suivie par un programme qui fait la part belle à l'organisateur et à son premier triple album solo, "All Things Must Pass", sorti fin novembre 1970. Trois titres des Beatles sont également repris, dont "Here Comes The Sun" en duo acoustique avec Pete Ham, le fondateur des Badfinger. La contribution spécifique de Bob Dylan, accompagné à la guitare par Harrison et à la basse par Russell, ne comporte que quatre morceaux, "Mr. Tambourine Man", joué l'après-midi et figurant sur l'album, est ici absent (voir aussi critique DVD).
De manière évidente, l'importance politique, au sens noble du terme, de l'événement dépasse l'intérêt musical du concert. Sans sa dimension caritative et malgré la notoriété des musiciens, celui-ci ne serait pas resté durablement dans les mémoires (il n'aurait, tout simplement, pas eu lieu !). Les interprétations sont correctes, sans plus, et il ne se passe pas grand chose sur scène mis à part le pas de danse esquissé par Preston à la fin de son morceau. La réalisation, confrontée à de visibles problèmes techniques, est assez statique, multipliant les gros plans sur les visages et ratant par exemple, probablement par manque de prise correcte, le solo de guitare sur "It Don't Come Easy". Quelques rares images de préparation, de répétition ou d'actualité sont incorporées au métrage.
Les deux concerts ont réuni environ quarante mille personnes et rapporté à l'Unicef près de deux cent cinquante mille dollars. Les ventes de disques, les royalties des artistes et les recettes de diffusion du film ont atteint plus de quinze millions de dollars.

Le groupe :
Batterie : Ringo Starr & Jim Keltner
Basse : Klaus Voormann & Carl Radle

Guitare : George Harrison, Jesse Ed Davis, Eric Clapton, Don Preston & The Badfinger
Piano : Leon (Russell)
Cuivres : The Hollywood Horn Players dirigés par Jim Horn 
Orgue : Billy Preston
Chœurs : The Soul Choir dirigé par Don Nix

Les titres :
1. Bangla Dhun (Ravi Shankar, sitar - Ustad Ali Akbar Khan, sirod)
2. Wah-Wah (vocal : G. Harrison)
3. My Sweet Lord (G. Harrison)
4. Awaiting On You All (G. Harrison)
5. That's The Way God Planned It (Billy Preston)
6. It Don't Came Easy (Ringo Starr)
7. Beware Of Darkness (G. Harrison & Leon Russell)
8. présentation du groupe
9. While My Guitar Gently Weeps (G. Harrison)
10. Jumpin' Jack Flash (Leon Russell)
11. Youngblood (L. Russell & Don Preston)
12. Here Comes The Sun (G. Harrison)
13. A Hard Rain's Gonna Fall (Bob Dylan)
14. It Takes A Lot To Laugh/It Takes A Train To Cry (B. Dylan)
15. Blowin' In The Wind (B. Dylan)
16. Just Like A Woman (B. Dylan)
17. Something (G. Harrison)
18. Bangladesh (G. Harrison)
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*la séparation officielle du groupe intervient le 10 avril 1970 lorsque McCartney, à l'occasion de la sortie de son premier album solo, annonce son départ. En réalité, les Beatles n'ont plus joué en semble depuis août 1969. Le matériel de "Let It Be", considéré comme leur ultime disque, a été enregistré plusieurs mois avant le précédent, "Abbey Road".

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