mardi 13 septembre 2005

Gladiator


"En fin de compte, nous mourrons tous."

Trois ans après le modeste G.I. Jane, Ridley Scott renoue avec l'épopée historique en proposant une superproduction digne des grandes années d'Hollywood... aux effets spéciaux numériques près. Gladiator, sur les décombres laissés par The Fall of the Roman Empire d'Anthony Mann, est aussi l'un des premiers films à relancer et rénover le péplum, genre un peu délaissé (si l'on excepte les fantaisies conaniennes et les parodies yanniennes) depuis les années 1960. Riche, quoique académique, sur le plan formel comme l'étaient ses premières réalisations, ce film à grand spectacle est surtout séduisant par l'intrigue (fictionnelle) développée dans le scénario, par l'importance accordée à la psychologie des personnages (en particulier dans la version longue, où Commode, notamment, apparaît moins uniforme et caricatural) et par la qualité de la distribution. Sorti la même année que Wo hu cang long, Gladiator a été récompensé par cinq "Oscars" dont celui du meilleur film et du meilleur acteur.
L'année 180 voit la fin de la longue (douze ans) campagne de conquête menée par l'empereur Marc-Aurèle en Europe. Une dernière bataille des armées romaines contre les tribus barbares de Germanie doit y mettre un terme. Le général Maximus, aimé et respecté par ses légionnaires, s'illustre par sa fidélité quasi filiale à César et par sa bravoure au combat. Celui-ci, malade, voudrait en faire son successeur à la place de son fils, Commode. Maximus, qui ne rêve que de rentrer chez lui pour retrouver sa femme et son jeune fils, suspend sa réponse jusqu'au soir. Entre temps, informé de ce projet,
l'ambitieux Commode, après lui avoir reproché de ne l'avoir jamais compris et aimé, assassine son père de ses propres mains. Héritier du titre de César par son sang, Commode propose à Maximus de s'allier à lui. Le général, lucide sur l'auteur et la cause de la mort de Marc-Aurèle, refuse. Il est fait prisonnier et un groupe d'hommes est chargé de l'emmener pour l'éliminer. Maximus parvient à tuer ses bourreaux mais est grièvement blessé. Pendant qu'il chevauche vers l'Espagne où se trouvent les siens, ceux-ci sont exécutés et leur propriété détruite et brûlée sur ordre de César. Maximus, à bout de force et de désespoir, rejoint alors, inconscient, un groupe d'esclaves en route pour Zucchabar destinés à être vendus à Proximo, un organisateur de combats de gladiateurs.
L'une des grandes qualités de Ridley Scott est sa faculté à s'approprier, avec enthousiasme, un projet dont il n'est pas l'initiateur. Il semble que ce soit l'idée de mettre en scène les aventures d'un gladiateur qui ait successivement poussé le scénariste David Franzoni, les patrons de DreamWorks puis le réalisateur à faire d'un bref synopsis élaboré à la lecture de "Those Who Are About To Die", un ouvrage sur l'histoire des jeux romains de Daniel P. Mannix, le blockbuster de plus de cent millions de dollars que nous connaissons. Assez éloigné du drame romantique Quo Vadis? ou du péplum mystique Demetrius and the Gladiators, Gladiator, avec son intrigue de western, s'inscrit plutôt dans la lignée
d'un Ben-Hur ou d'un Spartacus. Film consensuel mais intelligent, il démontre à nouveau la capacité de Scott à travailler un genre de l'intérieur pour livrer une œuvre significative du cinéma contemporain. Reposant sur une équipe technique efficace, justement récompensée par trois "Oscars", Gladiator doit beaucoup à son casting, Russell Crowe bien sûr (dont le rôle a failli être tenu par le pathétique Mel Gibson) qui donne une réelle épaisseur à son personnage de "malgré lui", Joaquin Phoenix et Connie Nielsen mais aussi les épatants Oliver Reed, décédé pendant le tournage, et Richard Harris. Soulignons enfin le travail de l'ancien assistant du chef opérateur Gabriel Beristain, John Mathieson, notamment dans les splendides scènes oniriques et celui des compositeurs Hans Zimmer et Lisa Gerrard

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