mercredi 27 juillet 2005

White Noise (la voix des morts)


"... Voir en la mort le début de la vie éternelle."

Pendant longtemps, la communication avec les morts ne nécessitait qu'un accessoire très commun, une table qu'il fallait cependant arriver à faire tourner. A l'ère du tout numérico-électronique, une modernisation des instruments du spiritisme s'imposait. C'est ainsi que sont nées les TCI (TransCommunications Instrumentales ou EVP en anglais)*. L'une des premières "apparitions" (sic) des TCI au cinéma fut, en 1982, celle dans Poltergeist de Tobe Hooper. Le réalisateur de télévision Geoffrey Sax(Tipping the Velvet), sur la base du scénario original de Niall Johnson, en a fait la trame de son premier film de cinéma, White Noise**. Le problème auquel son scénariste et lui sont toutefois confrontés est de réussir à éviter une totale passivité à leurs personnages... sans basculer pour autant dans la malédiction du type Ringu. S'ils parviennent à ménager à leurs spectateurs quelques moments de réelle tension, il n'est pas sûr en revanche qu'ils aient véritablement réussi à résoudre cette quadrature... du cercle.
Jonathan Rivers est le principal associé d'un grand cabinet d'architectes. Sa seconde épouse, Anna, est un écrivain connu dont le prochain roman doit bientôt paraître. Ils forment un couple d'autant plus radieux qu'Anna vient de faire un premier test de grossesse positif. Mais le jour de cette bonne nouvelle, Anna, passé voir son amie Julie, ne rentre pas de la nuit. On retrouve son véhicule, un pneu crevé, au bord d'un lac mais elle ou son corps reste introuvable. Noyade, enlèvement, sa disparition devient une des énigmes évoquées régulièrement par la presse locale. Un matin, Jonathan remarque devant sa maison un homme au volant d'une voiture. Un peu plus tard, le même individu est assis sur un banc devant son bureau. Ne croyant pas à une coïncidence, Jonathan va à sa rencontre et demande une explication. L'homme, qui se nomme Raymond Price, lui annonce qu'Anna est morte et qu'elle lui envoie des messages depuis "l'autre côté", comme il en a reçu auparavant de son fils décédé à l'âge de douze ans. Le cadavre d'Anna est découvert peu après.
Relevant du label "fondé sur un phénomène réel" et, par son exergue, placé sous l'autorité spirituelle (et "électrique") de Thomas Edison, White Noise, par son pitch initial, fait bien sûr penser aux médiocres The Mothman Prophecies et Dragonfly. Mais il s'en éloigne dès la fin du premier tiers pour explorer d'autres espaces narratifs et d'autres ambiances. Le résultat est à peine plus convaincant et l'intérêt initial manifesté n'est pas récompensé. Certaines longueurs handicapent le début du film. A partir de la moitié du métrage, le récit devient confus, presque incohérent. Sans parler du final où s'entrechoquent, sans raison, les logiques de deux genres cinématographiques bien distincts. La mise en scène, adoptant un refroidissement progressif des teintes et multipliant notamment les contre-plongées (pour nous faire croire que les esprits nous regardent de ce point de vue ?) ou les compositions géométriques, est un peu lymphatique et sans grande originalité. Le jeu sobre de Michael Keaton (que l'on n'a, malheureusement, pas vu dans un bon rôle depuis longtemps) ne suffit pas à créer l'adhésion.
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*en réalité le phénomène a été mis en évidence dès 1939.
**un bruit blanc est un signal aléatoire dont la densité spectrale de puissance est constante quelle que soit sa fréquence, i.e. toutes les fréquences sont présentes avec des amplitudes égales. Il est censé relayer la voix des morts.

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