lundi 27 juin 2005

Stop Making Sense


"Strange but not a stranger
I'm an ordinary guy" (in "Burning Down the House")

Sept ans avant de tourner The Silence of the Lambs, Jonathan Demme enregistre les trois concerts donnés en décembre 1983 par The Talking Heads au Pantages Theatre de Los Angeles. Le réalisateur a déjà quelques longs métrages à son actif, un épisode de Columbo et un téléfilm remarqué. Il est surtout un authentique amateur de musique, élément essentiel de ses films mais aussi à l'origine de ses collaborations avec Bruce Springsteen. Stop Making Sense deviendra rapidement, à l'instar de The Last Waltz de Scorsese produit six ans plus tôt, mais tout en lui étant très différent, un modèle de film de musique live. Il est également un témoignage unique sur un des groupes phares des années 1980.
The Talking Heads est formé en 1974 par l'écossais élevé à Baltimore David Byrne. Influencé par Roxy Music et David Bowie, il participe, quelques part entre The Ramones et The Pretenders, aux mouvements post-punk et new wave. Le groupe va néanmoins connaître des évolutions qui vont progressivement le sortir de son minimalisme originel pour explorer d'autres univers sonores. Le guitariste et chanteur Byrne rencontre le batteur Chris Frantz et la bassiste Tina Weymouth à la Rhode Island School of Design au début des années 1970. Ils s'installent à New York en 1974 et se consacrent alors à la musique. Deux ans plus tard, le pianiste Jerry Harrison les rejoint. Leur premier album paraît en 1977, suivi jusqu'à "Stop Making Sense", sauf en 1981, par une livraison discographique annuelle d'une qualité assez constante. Musique acoustique et électronique, section cuivre, percussions africaines, tempo funk et chansons pop agrémentent une démarche résolument novatrice.
Imaginé et "storyboardé" par David Byrne(réalisateur, deux ans plus tard, de True Stories), Stop Making Sense est l'un des premiers films du genre à utiliser la technique audionumérique. Le générique emprunte son lettrage au Dr Strangelove de Kubrick(le contexte politico-militaire entre les U.S.A et l'U.R.S.S est plutôt tendu depuis l'accession à la présidence de Ronald Reagan). La mise en scène est particulièrement dépouillée. Le leader du groupe débute seul le set, puis est rejoint, un par un, par les autres musiciens, l'effectif étant complet pour l'extatique "Burning Down the House". La particularité de la réalisation de Jonathan Demme, outre sa sobriété qui tranche avec les productions actuelles, est qu'elle apporte une cohérence au concert, comme si une longue histoire, en plusieurs tableaux, nous était racontée. Il ne s'agit, pourtant pas, de la représentation d'un concept-album comme la première version de Genesis s'en était fait, par exemple, la spécialité. Cette relation est subtile, passant allègrement du drame à la comédie et inversement. Il y a, incontestablement, une proximité avec les prestations scéniques du grand Frank Zappa, ce qui est assez flatteur. Enfin, le cadre choisi n'est pas anodin. Le Pantages Theatre, situé au coin de Hollywood et de Vine Blvd, est une ancienne salle du cinéma du réseau Fox construite en 1930, c'est à dire peu de temps après les débuts du parlant (talkies en v.o. !).

The Talking Heads :
Guitare, chant : David Byrne
Basse, chant : Tina Weymouth
Batterie, chant : Chris Frantz
Guitare, claviers, chant : Jerry Harrison
Claviers : Bernie Worrell
Guitare : Alex Weir
Percussions : Steven Scales
Chœurs : Lynn Mabry & Ednah Holt

Les titres :
1. Psycho Killer
2. Heaven
3. Thank You For Sending Me An Angel
4. Found A Job
5. Slippery People
6. Burning Down the House
7. Life During Wartime
8. Making Flippy Floppy
9. Swamp
10. What a Day That Was
11. This Must Be The Place (Naive Melody)
12. Once in a Lifetime
13. Genius Of Love (Tom Tom Club)
14. Girlfriend Is Better
15. Take Me to the River
16. Crosseyed And Painless

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