lundi 6 juin 2005

Shin Zatôichi monogatari: Oreta tsue (zatôichi : la blessure)


"Dis, l'aveugle. Veux-tu connaitre... la couleur... de ton sang ?"

Pour ce vingt-quatrième et avant-dernier volet de la saga Zatôichi, Shintarô Katsu décide de monter encore en puissance et de prendre presque complètement les choses en mains. Après avoir été crédité comme producteur dans Zatôichi to Yôjinbô puis comme co-scénariste pour Zatôichi abare-himatsuri, le voilà à présent réalisateur* de ce Shin Zatôichi monogatari: Oreta tsue. Et, à l'évidence, ce qui frappe immédiatement c'est que, comme son personnage, Katsu est tout sauf maladroit et, contrairement à lui, il est loin d'être aveugle. S'il appartient bien à la série, cet opus, par sa tonalité particulière, voire son outrance, est singulier et ne ressemble à aucun autre.
En voulant lui faire l'aumône, Ichi est involontairement responsable de la chute fatale d'une vieille femme croisée sur un pont mal entretenu. Il décide alors de partir à la rencontre de la fille de la disparue à la place de celle-ci. Avec les modestes informations dont il dispose, Ichi découvre Nishiki à Ogiya, une maison close de la ville de Choshi, dont elle est la meilleure animatrice. Grâce à son astuce au jeu de dé, le masseur aveugle réunit la somme nécessaire au rachat de la dette de la jeune femme. Mais toujours poursuivi par quatre hommes qui veulent venger Kamé, une de ses funestes victimes, et recherché contre récompense par le parrain Iioka, Zatôichi va tomber dans le piège diabolique tendu par le chef de clan local, Kagiya Mangoro.
Shin Zatôichi monogatari: Oreta tsue est d'abord une œuvre visuellement splendide. Le soin des détails, des lumières et des couleurs, le choix et la modernité des plans et des cadrages, souvent au plus près des corps, font de ce film une grande réussite au plan graphique. Cet aspect tempère aussi sa grande noirceur tonale. Comme le suggère son titre original, il s'agit d'un récit cruel et désespéré, sadique et morbide même, ne laissant quasiment aucune place à la légèreté ou aux accents de comédies habituels dans les épisodes de la série. L'intrigue parallèle s'intéressant au sort de Kaédé et de son très jeune frère qui tourne à la tragédie poétique, est la meilleure illustration du poids intolérable de la fatalité porté par les personnages, principaux et secondaires, du film. Shin Zatôichi monogatari: Oreta tsue fait irrésistiblement penser, par son contenu narratif et par sa représentation de la souffrance, à Unforgiven. Il aurait pu constituer un magnifique chant du cygne pour la saga. Mais l'aventure continue... encore un peu.
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*compétence étrennée l'année précédente avec Kaoyaku.

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