dimanche 5 juin 2005

Des Racines & des ailes : Petra


"La fabuleuse histoire de ces cités caravanières de l'antiquité."

Vous vous souvenez sûrement de la dernière partie de Indiana Jones and the Last Crusade. Elle prenait pour cadre Pétra*, ville dont l'étrangeté offrait un écrin privilégié au final mythologique du film. Créée par les Édomites, la capitale antique du royaume des Nabatéens est l'un des sites archéologiques les plus célèbres du Moyen-Orient, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco fin 1985. Appelée en araméen Rekem (multicolore), elle doit son nom au mot grec qui signifie, fort logiquement, pierre. Pétra, découvert le 22 août 1812 par le suisse Johann Ludwig Burckhardt, est, en effet, surtout connu pour ses tombeaux creusés à même la roche (dont le célèbre Khazneh) qui présentent des façades de type hellénistique. Elle a été choisie comme site de référence et de convergence pour cette émission spéciale, diffusée le 22 novembre 2004.

Le passé ressuscité
En avril 2004, les membres d'une mission archéologique française explorent les vestiges d'un monument du IIe siècle, l'Exèdre qui, comme le Kasr al-Bint qu'il jouxte, s'est effondré lors de deux tremblements de terre aux IVe et VIIe siècles. Dans ce qui ressemble davantage à un amas d'éboulis qu'aux ruines d'un temple, Christian Augé, Laurent Borrel et leur équipe vont faire plusieurs découvertes, dont l'une d'entre elles est unique et surprenante : une tête en marbre représentant l'empereur romain Marc-Aurèle. Un véritable trésor, digne des plus grands musées mondiaux.
Mais au delà du côté spectaculaire de cette trouvaille, le travail minutieux, parfois fastidieux de ces chercheurs et bénévoles doit permettre de reconstituer, grâce notamment à l'infographie, l'apparence de la cité à l'époque de sa splendeur et de mieux comprendre l'architecture et l'art des Nabatéens.

La route des rois
Cette route, empruntées par les caravanes pour le transport des hommes et des marchandises, traverse la Jordanie du nord au sud en passant par Pétra. Point de départ de l'itinéraire emprunté pour l'occasion, Jerash, anciennement Gerasa. Là, dans les ruines de la cité romaine, Charles-Edouard Bertrand et le tailleur de pierre Sébastien Solier remontent les colonnes du temple de Zeus, aboutissement de six années d'un patient travail de restitution. Sur le Mont Nébo, où Moïse, selon la Bible, aperçut la terre promise, se dresse une basilique byzantine. Depuis quelques années, Michele Piccirilo, prête dominicain et archéologue, s'attelle à mettre à jour et restaurer de superbes mosaïques qui décoraient le sol des maisons et des églises. Aujourd'hui, il veut partager son art et protéger cet héritage.
Sur les rives de la Mer Morte, site des villes bibliques de Sodome et Gomorrhe, une entreprise jordanienne exploite le sel et la boue argileuse aux vertus thérapeutiques reconnues. Plus au sud, se dressent les châteaux de Kerak et Showbak construits par les francs et qui ont marqué pendant près d'un siècle, jusqu'en 1189, les frontières des états croisés.

Bédouins d'aujourd'hui
Avant la création de la Jordanie en 1921, ils étaient déjà là... et depuis des siècles. Ils constituaient même l'essentiel des habitants de cette région du Moyen Orient. Aujourd'hui, les bédouins ne représentent que 5% à 10% de la population du pays. Qui sont-ils et que font-ils ? Rencontre avec ces "hommes du désert", aux quatre coins du royaume hachémite. Au nord d'abord, dans la Wadi Sahran, un immense désert de pierres noires, vit Reda et sa famille, dans une tente, et son troupeau d'ovins de quatre cent cinquante têtes. Nomades comme leurs aïeux, ils se déplacent au gré des pâturages. Une vie difficile qui poussera peut-être Salamah, 17 ans, scolarisé à cent cinquante kilomètres, à devenir instituteur et à s'installer dans une ville.

D'autres choisissent une carrière militaire. Ils appartiennent à l'armée jordanienne au sein de la patrouille du désert, un régiment exclusivement composé de bédouins chargé de protéger la frontière jordano-syrienne de toutes incursions de contrebandiers. Une mission permanente qui s'effectue à dos de chameaux.
Dans le sud du pays, le sociologue Abdel Hakim Al Husban tente de préserver la tradition orale bédouine. Selon lui, c'est une urgence car l'arrivée en masse des touristes et l'urbanisation accélérée menacent gravement cette culture plusieurs fois millénaire. Sa méthode : aller sur le terrain et questionner des bédouins comme Dekilallah, un homme de 60 ans qui vit de son petit troupeau mais surtout du tourisme dans le Wadi Rum, l'une des plus belles régions du pays. Comme tous les bédouins de la région, il sert de guide aux touristes, attirés par l'ombre et la légende du célèbre officier anglais Lawrence d'Arabie qui y aurait séjourné en 1915 et 1916, au moment où il fédérait les tribus arabes contre l'empire ottoman.
Dernière étape du voyage : Amman, capitale du pays. Là, Etaf, une bédouine urbaine et vêtue à l'occidentale, a pu réaliser son rêve : devenir journaliste et plaider la cause des femmes. Selon elle, leur situation se dégrade depuis plusieurs années, conséquence de la montée de l'islamisme.

Le royaume de Zénobie
Palmyre, en plein cœur du désert de Syrie, est l'une des plus prestigieuses cités antiques, surnommée par certains la "Rome de l'Orient". Depuis trente ans, Christiane Delplace, une archéologue française, y dirige un chantier de fouille. Entre le Ier et le IVe siècle, la ville, à son apogée, était probablement la plus grande ville du monde, et sûrement l'une des plus riches. La raison de cette prospérité : elle possède une source d'eau, en faisant une oasis et une étape obligée pour les caravanes de chameaux dans leur route entre l'Europe et la Chine. Parmi les grands personnages de l'histoire de Palmyre, Zénobie, devenue reine après avoir assassiné son époux Odeinat, est la plus illustre. En cinq ans de règne, elle va envahir l'Egypte, prendre Antioche et battre monnaie à son effigie. Un esprit de conquête et d'indépendance qui va rapidement agacer Rome.
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*une partie de l'action de The Mummy Returns s'y déroulait également.

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