samedi 21 mai 2005

Jimmy Scott: If You Only Knew


"... Incurablement romantique."

Il fallait qu'une biographie soit produite sur Little Jimmy Scott. Car le chanteur et son parcours sont singuliers, aux tonalités à la fois tragiques et profondément optimistes. Et si le natif de Cleveland (Ohio) était né plus au sud (Chicago se situe, pourtant, également au nord du 48e parallèle) et son répertoire davantage influencé par le Blues, son histoire aurait pu figurer en bonne place dans la série du même nom. Né un peu après Nat King Cole et la même année que Sammy Davis Jr., Jimmy Scott a connu une carrière plus longue mais aussi plus chaotique que ces derniers. Grâce à Matthew Buzzell, Brian Gerber et Sylvio Sharif Tabet, qui lui rendent un hommage sincère, cette lacune est intelligemment réparée.
Jimmy Scott est né en 1925 dans une famille afro-américaine du nord des Etats-Unis, entre un père, Arthur, absent, une mère, Justine, vénérée et neuf frères et sœurs cadets. A onze ans, les premiers effets d'une maladie génétique, le syndrome de Kallmann, se manifestent chez lui et son frère Kenny. Avec pour conséquences physiques, l'arrêt de la croissance et de la puberté et, en particulier, la conservation de sa voix d'enfant. Deux ans plus tard, Justine meurt dans un dramatique accident de la circulation. Ses enfants sont séparés pour être confiés à différentes familles d'accueil. A vingt ans, Jimmy Scott part pour New York après avoir entamé une carrière de chanteur professionnel. Il entre bientôt dans le groupe de Lionel Hampton avec lequel il enregistre un disque en 1950. Le titre "Everybody's Somebody's Fool" devient rapidement un tube. Sa tessiture naturelle de soprano, comparable à la voix d'une femme, surprend et attire la curiosité du public, principalement féminin. Mais le sort s'acharne sur le chanteur. Après avoir quitté la formation du célèbre vibraphoniste, il signe, en 1955, un contrat qui se traduit par la sortie de deux albums importants. Mais le propriétaire de la maison de disques est un escroc qui va l'empêcher d'enregistrer pour d'autres labels et, donc, bloquer sa carrière. Lorsqu'en 1962, Jimmy Scott enregistre "Falling in Love Is Wonderful" sur le label de Ray Charles, celui-ci est, en effet, contraint d'arrêter sa commercialisation. La situation se répétera lors de la sortie, en 1969, du remarquable "The Source" édité chez Atlantic Rec., lequel ne sera finalement diffusé que trente ans plus tard. Contraint à occuper des emplois de dépannage, le chanteur ne verra sa carrière redémarrer qu'au milieu des années 1980. "All the Way" est sorti en 1992. Jimmy Scott a fait également quelques apparitions au cinéma, dans un épisode de la série Twin Peaks de David Lynch (il chante également sur la bande originale de Twin Peaks: Fire Walk with Me) et dans Chelsea Walls dans lequel il interprète une chanson.
Matthew Buzzell recueille, avec simplicité, les propos et confidences de Jimmy Scott et les témoignages de ses frères et sœurs (Kenny, Betsy Jones, Adoree Colley et Nadine Walker), de son ami Celotes Clark, de deux de ses accompagnateurs, Dwayne 'Cook' Broadnax (batteur) et Michael Kanan (pianiste), des musiciens Clifford Solomon, membre du groupe de L. Hampton, et Grady Tate et d'un publicitaire de Warner Bros., Bill Bentley. David Ritz, l'auteur de "Jimmy Scott: Faith In Time" apporte également une contribution significative pour mieux comprendre l'artiste et l'homme. Le document est illustré d'abondantes archives visuelles et sonores, complétées par quelques images d'une récente tournée au Japon. 

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