lundi 9 mai 2005

Comme si de rien n'était


"Qu'est-ce que tu t'es dit ?"

La tonalité du premier long métrage de Pierre-Olivier Mornas est, ce n'est pas une surprise, assez proche de celle de ses courts. Un mélange de comédie et de drame sans que, intelligemment, aucune de ces deux "saveurs" ne prennent vraiment le dessus ou ne tourne au mélodrame. C'est grâce, notamment, au succès du court métrage On s'embrasse ?, primé à la Quinzaine des réalisateurs en 2001 puis projeté en salles avant Amen de Costa-Gavras, que Comme si de rien n'était a pu être produit. Le réalisateur et acteur fait à nouveau appel à deux des trois acteurs de son précédent film, Alice Carel, dans le rôle principal et Jean-Luc Abel pour une apparition. Le film, salué dans de nombreux petits festivals, est, avant tout, une belle et triste histoire d'amour mais aussi une réflexion, sensible et spirituelle, sur la vérité et le mensonge à travers, symboliquement, le métier d'acteur.
Thomas est metteur en scène de théâtre travaillant avec la même troupe de comédiens. A quelques minutes du lever de rideau de la première de sa dernière pièce, "Raiddingue", donnée au Théâtre du Nord-Ouest, il rencontre Alix. Ils s'aiment dès le premier regard. Mais Alix apprend bientôt être atteinte d'une grave maladie héréditaire dont est mort son père. Thomas surprend, à l'insu de la jeune femme, une conversation téléphonique au cours de laquelle Alix informe sa mère de la triste nouvelle. A la recherche d'une comédienne pour sa nouvelle création, il propose le rôle à sa compagne, pourtant totalement inexpérimentée. Le temps d'une pièce de théâtre, tous les deux vont jouer la comédie, et faire comme si de rien n'était.
On ne sait pas si Alix aimait Mozart, Bach et Les Beatles mais, quoiqu'il en soit, l'impression laissée par Comme si de rien n'était est globalement plus favorable que celle du déjà plus que trentenaire Love Story dont il est proche sur le plan factuel et auquel il pourrait, opportunément, emprunter le slogan final : "l'amour, c'est de ne jamais avoir à dire que l'on regrette." Factuel, car sur le fond, le film de Pierre-Olivier Mornas ne s'encombre pas des inutiles circonvolutions narratives de son prédécesseur. L'univers du réalisateur français est moins conventionnel, alimenté par l'imprévu et la dissimulation, voire le mensonge et rythmé par des rencontres inattendues qui bouleversent l'existence. Même si celle entre Olivier et Alix est très romanesque, pardon cinématographique, c'est à dire presque irréelle, le spectateur veut croire à cette belle histoire d'un sauvetage par l'amour, le mensonge et la mise en scène. Il y a une sincérité et une énergie latente qui ne sont pas étrangères à l'adhésion du public pour ce film. Et les acteurs apportent leur contribution, notamment Alice Carel, simple et bouleversante, Mornas, très efficace malgré son air de "ne pas y toucher" et Rufus, avec lequel le comédien a déjà travaillé à quatre reprises, dans un second rôle taillé à sa subtile dimension.

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