mercredi 9 mars 2005

Wonderland


"Une collision en chaîne."

"Sex, drugs, murder and very bad people", tel était le sous-titre de l'ouvrage, "Four on the floor", signé par les deux enquêteurs chargés du quadruple meurtre appelé "l'Affaire Wonderland". C'est ce fait divers réel, répertorié le 1er juillet 1981, qui a inspiré le deuxième film de James Cox. Même si cette macabre histoire, restée non élucidée, méritait peut-être, à elle seule, d'être portée à l'écran, sa célébrité outre-Atlantique trouve sa source dans deux de ses paramètres. Le premier est d'avoir eu lieu à l'ombre des collines d'Hollywood, le second, de compter parmi ses acteurs une ancienne vedette du cinéma pornographique, John 'Wadd' Holmes, le partenaire particulièrement "généreux" de Traci Lords dans Passion Pit. Au cocktail évoqué en introduction, James Cox a, bien entendu, ajouté l'incontournable rock'n roll.
John Holmes, ex-star du cinéma X et drogué notoire, toujours marié à sa femme Sharon, vit avec Dawn, une adolescente rencontrée lorsqu'elle avait quinze ans. Il lui promet de l'emmener, après avoir trouvé de l'argent, pour commencer une nouvelle vie. Holmes organise, avec la complicité de modestes trafiquants, Ron Launius, Billy Deverell et David Lind, mais sans y participer directement, un braquage chez son ami Eddie Nash, le roi de la nuit à Los Angeles et ponte local de la drogue. Ils y dérobent pour plus d'un million de dollars de drogue, d'argent liquide et de bijoux. Mais on ne s'en prend pas à un personnage si important sans déchaîner, en réaction, une terrible réplique. Dans ce double dispositif criminel, John Holmes est-il acteur ou victime ?
Wonderland est, dans une certaine mesure, la face sombre du déjà dramatique Boogie Nights*. Interdit aux moins de seize ans lors de sa diffusion en salles, Wonderland, sauf dans sa partie finale, n'est pas beaucoup plus violent, peut-être même l'est-il moins, que la plupart des films actuels. Mais l'usage débridé de stupéfiants de ses personnages, sinistre lorsque l'on est en mesure de juger avec recul, peut justifier un tel classement. A ce titre, il semble que les effluves de matières prohibées aient eu une influence sur la réalisation de James Cox, elle aussi speedée et flippée. Il est vrai que ce traitement, plutôt hétéroclite (split screen, images accélérées, incrustations...), sied assez bien au film. Par soucis d'authenticité, la production a fait appel aux anciennes compagnes de John Holmes à titre de consultantes. Elles ont probablement aidé Val Kilmer à donner toute la complexité nécessaire au difficile personnage qu'il incarne. La prestation de l'acteur, lorsque la mise en scène le lui permet, est plutôt convaincante, comme, plus généralement, celle de l'ensemble du casting, avec une mention spéciale pour Josh Lucas et Lisa Kudrow.
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*une des affiches du film jouait d'ailleurs sur cette relation (voir galerie photos).

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