mardi 1 mars 2005

Secret défense


"... Et contempler le dénouement du drame."

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A propos de Secret défense, Jacques Rivette conteste que le film puisse, pour des raisons esthétiques, appartenir au genre policier. Nous voilà rassurés. Il est vrai que l'on ne voit pas un képi ou un imperméable pendant les plus de deux heures trente du métrage. Le problème est que le réalisateur ajoute, néanmoins, s'être inspiré des œuvres de Fritz Lang et d'Hitchcock. Et là, nous ne comprenons plus. Ou, du moins, si cette filiation existe réellement, nous n'avons pas vu, par exemple, la même version de Beyond a Reasonable Doubt (il n'existe, d'ailleurs, qu'une seule version de ce très bon polar aux allures de film noir). Car quel(s) rapport(s) peut-il y avoir entre la logique narrative et formelle de ce drame familial, alambiqué et parfois confus, et celle, codifiée, quoique souvent contournée par les deux cinéastes cités, de leur genre de prédilection ?
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Un soir, dans le laboratoire de recherche médicale de l'Institut Curie où elle travaille, Sylvie Rousseau surprend son jeune frère Paul cherchant à voler un pistolet dans un bureau voisin. Exigeant la restitution de l'arme et des explications, Sylvie apprend, incrédule mais troublée, que leur père ne serait pas mort accidentellement en tombant d'un train mais aurait été volontairement poussé. A l'appui de ses révélations, Paul montre à sa sœur une photographie, datée du jour du décès, sur laquelle apparaît la future victime et, au second plan, son bras droit, Walser, réputé se trouver, au même moment, en voiture sur la route de Paris. Depuis, celui-ci a remplacé son ex patron à la tête de l'entreprise d'armement Pax industrie. Inquiète parce que Paul veut faire justice lui-même, Sylvie, tout en essayant de comprendre, prend l'affaire en mains. Elle se rend, en train, munie d'une arme, dans le "Domaine" bourguignon où Walser passe le weekend, y arrive à la nuit tombée et menace le prétendu assassin de son père.
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La première des trois parties de Secret défense est, malgré quelques faiblesses essentiellement scénaristiques, assez intéressante et prenante, vague adaptation modernisée de l'"Electre" d'Euripide et de Sophocle. Et, d'une certaine manière, l'arrivée prématurée, au terme de cette première partie, de ce que l'on croyait être le climax du film est déroutante mais plutôt bienvenue. Mais pour en faire quoi ? La deuxième partie, bavarde et molle, est presque insignifiante. Et l'emboîtement forcené des secrets de famille, le développement des relations sœur-frère, fille-mère, vengeresse-meurtrier n'apportent pas beaucoup de matière et d'intensité à cette fausse tragédie. Ces maladresses sont-elles dues à l'inadaptation du metteur en scène au genre cinématographique ou à sa méthode de création, reposant sur une écriture du scénario au fur et à mesure du tournage ? Secret défense n'est, certes, pas un mauvais film. Mais il déçoit les attentes des amateurs du genre et ceux du réalisateur.

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