mardi 22 mars 2005

Saved!


"Je ne pense pas qu'elle [Marie] l'ait vraiment fait. Mais je peux comprendre la raison qui pousserait une fille à le faire."

Lorsqu'André Malraux postulait que "le XXIe siècle serait spirituel ou ne serait pas", il n'imaginait probablement pas le tour que prendrait l'aube de la période de sa prophétie. Il n'est, d'ailleurs, pas sûr que l'auteur agnostique de "La Condition humaine" ait placé sous le vocable de "spirituel" une quelconque signification religieuse comme on le pense généralement. Sans une once d'ambition philosophique, le premier long métrage du scénariste et réalisateur Brian Dannelly apparaît néanmoins volontairement représentatif d'une certaine dérive des Etats-Unis vers un patronage christique paradoxal... pour ne pas dire ambigu. Saved! est, en effet, sous l'aspect d'un teen movie, une comédie satirique. Mais, comme la plupart des premiers films, l'évident enthousiasme de sa réalisation n'évite pas les maladresses.
Mary, orpheline de père et chrétienne pratiquante depuis son enfance, termine ses vacances avant d'entrer en dernière année à l'American Eagle Christian High School. Mais voilà que son petit ami, Dean, lui annonce, au cours d'un jeu aquatique, sa probable homosexualité. Convaincue, par une vision, d'être investie d'une mission céleste, elle tente de sauver l'âme de son ami... en couchant avec lui. Cela n'empêchera pas Dean d'être envoyé par ses parents en maison de rédemption et Mary d'être enceinte... sans pouvoir sérieusement plaider une immaculée conception. Elle tente de cacher sa grossesse à sa mère et à ses camarades, notamment à ses (prétendues) vertueuses partenaires des "Christian Jewels", un groupe musical à vocation évangélique. Les relations avec l'agressive, hystérique et mégalomane leader Hilary vont, toutefois, rapidement se dégrader.
Acide, parfois drôle, mais nettement moins caustique que Citizen Ruth d'Alexander Payne, Saved! ne parvient pas à emporter l'adhésion du spectateur et échoue à être authentiquement subversif. Comme chez son prédécesseur, But I'm a Cheerleader, l'exercice reste un peu superficiel, convenu, voire caricatural, notamment à travers les personnages les plus intéressants du scénario que sont Roland, le frère handicapé d'Hilary, et l'hérétique et provocatrice Cassandra. Les thèmes de la dévotion instrumentalisée et de la confrontation entre la foi et le péché, ou la faiblesse humaine en général, ne trouvent pas dans cette histoire un terreau particulièrement fertile. Quelques scènes sortent cependant du lot, comme cet amusant clin d'oeil à The Exorcist de Friedkin au milieu du métrage. L'interprétation est, dans l'ensemble, plutôt solide, en particulier celle de Jena Malone, aperçue dans Donnie Darko et dans Cold Mountain

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