lundi 17 janvier 2005

The Cocoanuts (noix de coco)


"- Je crois vous reconnaître.
- Je donne ma langue au chat. Qui suis-je ?"

Le premier film commercial des Marx Brothers a failli être une comédie musicale. Son métrage initial était, en effet, d'environ cent quarante minutes avant d'être ramené sous les cent minutes par suppression de plusieurs séquences musicales. La réalisation est confiée par la Paramount à deux cinéastes. Un parisien installé aux Etats-Unis, Robert Florey*, ancien assistant de Louis Feuillade et directeur artistique, notamment pour King Vidor, qui ne possédait aucune expérience de la comédie et Joseph Santley qui n'avait, à l'époque, qu'un court métrage musical à son actif. Les frères Marx, eux, sont déjà parfaitement à l'aise dans leur personnage respectif et contribuent à faire de The Cocoanuts un film plaisant à défaut d'être inoubliable.
Robert Adams (Oscar Shaw), un jeune architecte inexpérimenté, a conçu un projet immobilier à Cocoanut Manor en Floride, état qui connaît, au cours de ces années 1920, un essor considérable dans le secteur. Il l'a soumis à un promoteur et espère une réponse favorable. En attendant, il file une parfaite romance avec la jolie Polly Potter (Mary Eaton), la fille d'une riche veuve (Margaret Dumont). Cet amour suscite la jalousie d'Harvey Yates (Cyril Ring) qui, pour résoudre ses problèmes financiers, aimerait bien convoler avec la future héritière. Sur l'idée de sa complice Penelope (Kay Francis), Yates planifie le vol d'un collier, d'une valeur de cent mille dollars, appartenant, à Mme Potter. Tout ce beau monde est en villégiature au "Cocoanut Hotel", l'établissement presque vacant appartenant à M. Hammer (Groucho Marx). Celui-ci organise la vente aux enchères de parcelles de terrains réputées inconstructibles et Adams acquiert la n°26, celle où se trouve une souche d'arbre dans laquelle a été caché le collier volé. Les soupçons se portent naturellement sur lui lorsque l'un des deux escrocs (Harpo Marx & Chico Marx), fortuitement au courant de l'affaire, le récupère, devant témoins, pour toucher la récompense promise par sa propriétaire. Le mariage d'Adams avec Polly, déjà désapprouvé par Mme Potter, semble à présent bien compromis.
Le scénario, tiré d'une pièce de théâtre de George S. Kaufman (que l'on retrouvera dans la distribution de quelques autres films des Marx, notamment A Night at the Opera) a un peu de mal à trouver, avec naturel, un équilibre entre les sketchs comiques des Marx Brothers et les séquences dansées ou chantées. On est, en revanche, plus habitué à voir (et surtout entendre) Harpo Marx(la seule fois de sa carrière où il apparaît en brun) & Chico Marx montrer leur talent musical, l'un à la harpe (ou à la clarinette), l'autre au piano et offrir au film une respiration bienvenue après avoir nous avoir secoué de rire avec leurs gags. Ceux-ci, seulement bons, n'atteignent pas encore les sommets des productions ultérieures. On retiendra, néanmoins, la jolie et dynamique scène des portes communicantes. Curieusement, les Marx Brothers, en particulier Chico Marx, ne semblent pas avoir pris très au sérieux leur premier engagement au sein de la Paramount. Les savoureuses anecdotes sur le tournage du film nous font regretter l'arrivée tardive des créations de making of. Les comédiens, qui jouaient, le soir sur scène, Animal Crackers, ont dû être déroutés par la direction bicéphale du film. Groucho Marx déclarait, sur le ton de l'humour bien sûr, : "L'un des metteurs en scène ne comprenait pas l'anglais, et l'autre ne comprenait rien à la comédie". A propos d'anglais, je vous invite instamment à réviser le vôtre si vous voulez vraiment apprécier les dialogues du film.
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*qui, deux ans après The Cocoanuts, aurait dû mettre en scène le désormais célèbre Frankenstein avant d'être évincé au profit de James Whale.

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