jeudi 14 octobre 2004

The Road to Memphis (la route de memphis)


"Quand ils parlaient du blues, c'était comme être noir deux fois."

Deuxième volet de la série The Blues, The Road to Memphis est un reportage initialement destiné à une diffusion télévisuelle et dont l'ambition, opportuniste, est centrée sur le rôle de cette ville du Tennessee dans l'histoire du blues. Il n'a pas, de toutes évidences, le charme poétique et insolite du précédent opus signé par Wim Wenders, pour lequel une distribution en salles ne paraissait pas inappropriée. Richard Pearce, réalisateur de fictions pour la télévision et le cinéma (La Couleur du destin) et chef-opérateur pour lequel il s'agit, tout simplement, d'une commande, n'est en effet pas un spécialiste du sujet.
Une évocation de la place de Memphis dans l'histoire du blues à l'occasion du concert des Handy Awards donné à "L'Orpheum" local en 2002. La manifestation réunissait quelques uns de ses héros tels B.B. King, Roscoe Gordon, Ike Turner, Little Milton Campbell ou Bobby Rush. Thématiques abordées : Coming Home : le retour, après plusieurs années, dans une ville transformée. Heaven for the Black Man : le ghetto noir de Beale Street où est né le blues local, devenu aujourd'hui un site essentiellement touristique. Black Spot on the Dial : le rôle de la station WDIA dans l'émergence du phénomène. The Chitlin Circuit : la vie itinérante des musiciens. Sam Phillips : le découvreur de l'autre "King", Elvis Presley, était aussi le producteur des enregistrements du blues noir - conversation avec Ike Turner. Like Being Black Twice l'émergence du rock et le déclin du blues auprès du public noir. Saturday Night - Sunday Morning : lorsque la prière se donne des airs de concert. White Boy : l'expérience de Jim Dickinson, producteur et musicien blanc de Memphis. The White Embrace (1968) : la mode du blues auprès du public blanc. Homecoming : le concert de "L'Orpheum".
Le film de Pearce souffre principalement de l'absence d'un fil conducteur et se présente comme une sorte de patchwork qui ne démontre rien et ne délivre aucun message intelligible et percutant. L'itinéraire spécifique de Bobby Rush, notamment, crée une diversion qui nuit à la cohérence de l'ensemble. Restent alors les précieuses images d'archives des années 1940 à 1970, quelques uns des témoignages des acteurs de cette épopée, celui de B.B. King en premier lieu, et ceux, brefs mais intéressants, d'animateurs de la célèbre station WDIA (la première à avoir confié l'antenne à un animateur Noir), Christine Spindel, directrice des programmes et Don Kern, directeur de production. C. Spindel fait, en particulier, preuve d'une belle sincérité et d'une intelligence rare lorsqu'elle avoue ne pas avoir, à cette époque, aimé le blues tout en pensant que cette musique pourrait plaire à un public nombreux. L'évolution du blues vers la soul et le rock est rapidement évacuée, tout comme la question de la ségrégation raciale et des tensions sociales.

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