lundi 11 octobre 2004

Les Grands duels du sport : Angleterre/Ecosse


Après la France et le Pays de Galles, les équipes de rugby d'Angleterre et d'Ecosse s'opposent*, depuis la création du Tournoi des V (VI à présent) Nations, dans une rivalité qui n'est pas seulement sportive. En effet, cet antagonisme "national" est bien plus ancien. Il remonte à la bataille de Bannockburn qui a permit au roi d'Ecosse, Robert the Bruce, de repousser, au cours de deux journées mémorables (les 23 et 24 juin 1314), l'envahisseur anglais conduit par Edouard II. Depuis cette date, la région septentrionale de l'île revendique une autonomie qu'elle a progressivement conquise, d'abord en envoyant des députés au Parlement de Westminster en 1967, puis en étant autorisée, par la couronne, à reprendre, en juillet 1999, les travaux de sa propre assemblée interrompus depuis le 27 mars 1707.
Sur le terrain, depuis la création du rugby par William Webb Ellis en 1823, ce "jeu de voyous pratiqué par des gentlemen", selon l'expression consacrée, a longtemps mis face à face l'élite anglaise et les joueurs issus des milieux modestes des Borders écossais. Enjeu des matchs : la victoire dans le Tournoi des Nations, si possible après un Grand chelem, et surtout remporter la célèbre Calcutta Cup, ramenée de la lointaine province indienne, qui récompense le vainqueur de la rencontre Angleterre-Ecosse.
Le match de 1990 prend un relief particulier. Cette année, le subtile et délicat Premier Ministre Thatcher (ah bon, c'est une femme ! Il faut dire madame alors ?) essaie d'imposer, c'est le cas de le dire, ce que l'on a appelé la Poll Tax. Et pour que l'essai soit drôle et si possible transformé, elle décide de commencer à l'appliquer en Ecosse. Ai-je besoin de vous faire un dessin ? Les futurs assujettis se contentaient, eux, d'un seul doigt pour en faire le tracé, si vous me suivez toujours ! Dans ce contexte surchauffé, les équipes, dans le stade de Murrayfield à Edimbourg, vont tenter de remporter à la fois le Grand chelem et la Calcutta Cup. Le XV du Chardon fait son entrée au pas derrière son capitaine, David Sole. Après l'hymne national chanté par les joueurs à la Rose, les écossais, sur autorisation de la Fédération, entonnent deux strophes de "Flowers of Scotland", leur chant patriotique qui rappelle leur victoire du XIVe siècle. Le match est splendide, les tactiques et compositions brillantes. Grâce à une meilleure attaque (qui prend les anglais à leur propre jeu) et surtout une excellente défense, les locaux l'emportent par 13 à 7 (1 essai non transformé et 3 pénalités contre 1 essai non transformé et 1 pénalité). Les anglais prendront, à Twickenham, une revanche, très (trop) physique, l'année suivante, 21 à 12. Mais l'introduction du professionnalisme, en 1995, va accentuer les différences de ressources (nombre de licenciés et moyens financiers des clubs ne sont pas comparables) et l'Ecosse va connaître des difficultés à se structurer. La dernière victoire du XV écossais date de 1999, l'année de leur autonomie législative.
Encore un intéressant document qu'il faudrait avoir vu, même si la rivalité n'est plus aussi virulente, avant d'assister à une rencontre entre les deux équipes. La partie historico-sportive est plutôt réduite au profit d'une approche plus économico-politique. Le coeur du film est, pourtant et bien entendu, la fameuse rencontre de 1990, amenée au terme d'un joli processus de tension dramatique. Commentaires des internationaux écossais John Jeffrey et Gavin Hastings, Ian McGeechan, entraineur du XV d'Ecosse, Brian Moore et Jason Leonard, internationaux anglais, Clive Woodward, entraineur du XV d'Angleterre, Winnie Ewing, député du SNP (parti national écossais) depuis 1967 et Bill McLaren, commentateur à la BBC.
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*depuis 1947, le XV anglais a gagné 11 Tournois des Nations dont 6 Grands Chelems contre respectivement 4 et 2 pour l'Ecosse. L'Angleterre est la première nation de l'hémisphère nord a remporter, en 2003, la cinquième édition de la Coupe du Monde, en battant chez elle l'Australie en finale.

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