mardi 5 octobre 2004

Hakuja den (le serpent blanc)


"En vérité,... c'est une histoire très étrange ; mais c'est aussi une très belle histoire."


Produit par les célèbres studios Tôei, Hakuja den est le premier long métrage d'animation japonais en couleurs. C'est aussi le premier dessin animé national à sortir réellement de l'artisanat. Pas moins de quarante-deux dessinateurs ont été mobilisés pendant deux ans, supervisés par le tandem d'animateurs principaux Yasuji Mori et Akira Daikuhara. Cette fine équipe était dirigée par Taiji Yabushita auquel on doit également le plus tardif Arabian naito: Shindobaddo no bôken. Le film fut reconnu assez vite par les professionnels comme une oeuvre essentielle dans le domaine de l'animation et remporta le "Grand prix de la section Enfant" de la Mostra de Venise 1959.
Hakuja den est inspiré d'un conte populaire chinois, "Bai Su Zhen", récit des aventures d'un bébé python, capturé dans les montagnes et sauvé - il devait être réduit en poudre médicinale - par un jeune homme qui l'échange contre un panier de fruits. Dix-sept ans plus tard, Bai Su Zhen, la princesse enfermée dans ce corps reptilien, vient payer sa dette et tombe amoureuse de son sauveteur. Mais un destin tragique emportera les deux héros, laissant un enfant, Xu Shin Li. Ajoutons qu'au moment de la mise en chantier du film sortait la coproduction Shaw Brothers-Toho Byaku fugin no yoren dont l'histoire est très proche.
Superbe film en full animation, avec une narration distanciée, construit sur une histoire assez simple bien que teintée de surnaturel, mais remarquablement mis en images. Il se situe quelque part entre tradition et modernité avec ses décors d'estampes mais aussi sa grande fluidité, ses reflets et profondeurs de champs très réalistes. Une esthétique curieusement à la fois très nippone et très occidentale (y compris dans la bande musicale) crée un contraste harmonieux, plus subtil encore que dans Taiyo no oji : Horusu no daiboken sorti récemment en DVD chez le même éditeur. Le réalisateur de ce dernier, Hayao Miyazaki, est d'ailleurs, on n'est pas surpris, un admirateur de Hakuja den qu'il a vu lorsqu'il était encore jeune. On peut supposer que Paul Grimault l'avait également vu lorsqu'il s'est attelé à son chef d'oeuvre, Le Roi et l'oiseau, qui lui est assez proche dans l'esprit. A l'inverse, et au risque d'être iconoclaste aux yeux des puristes, certains aspects de Hakuja den font, étrangement, davantage penser à Tex Avery qu'à Walt Disney, et pas seulement par l'utilisation des animaux. Enfin, la délicate restauration entreprise pour sa rediffusion en salles est très réussie, ce qui nous permet de voir le film presque comme au moment de sa première exploitation. Un dernier conseil, destiné aux parents : si vous voulez éduquer le sens artistique de vos jeunes enfants, montrez leur ce film... Vous passerez, accessoirement (!!), ensemble un excellent moment. 

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