dimanche 12 septembre 2004

Alien (alien, le huitième passager)


"J'admire sa pureté. C'est un survivant. Pas de conscience, de remords, ou de trace de moralité."

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A partir d'un scénario, somme toute, classique, assez proche des The Thing From Another World d'Howard Hawks et It! The Terror from Beyond Space de Edward L. Cahn, Ridley Scott va, dès son deuxième long-métrage, créer un mythe et marquer une date dans le genre cinématographique... Ou peut-être dans deux genres : car l'une des innovations du réalisateur, en cette fin des années 1970 placée sous le signe de la science-fiction (de divertissement) par le Star Wars de George Lucas (1977), est de marier science-fiction et horreur.
L'équipage du vaisseau intergalactique Nostromo, placé en sommeil artificiel pour son voyage de retour vers la Terre, est réveillé prématurément à l'approche d'une planète qui émet un signal sonore périodique. Un groupe de trois membres, le commandant Dallas, son second Kane et le navigateur Lambert, est dépêché sur place. Il découvre, dans un bâtiment d'une sophistication insensée, une forme de vie organique. De l'un des oeufs qui les renferment, jaillit une "chose" qui adhère au visage de Kane. Il devient ainsi la matrice de l'Alien et la première victime du monstre.
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La recette du succès du film se situe dans la conjonction de plusieurs éléments : une équipe technique de grande qualité (primée par un Oscar), la création de l'un des monstres les plus effrayants de l'histoire du cinéma et l'évidente maîtrise de la mise en scène de Scott. Les dessinateurs et peintres Ron Cobb et Chris Foss, le concepteur de l'Alien Hans Rudi Giger (illustrateur des oeuvres de Lovecraft), Carlo Rambaldi chargé de l'animation de la tête de l'Alien, le responsable des effets spéciaux Brian Johnson ont donné au film une dimension graphique d'une rare richesse. La photographie de Derek Vanlint et la bande originale de Jerry Goldsmith complètent une réalisation destinée à privilégier une perception fortement sensuelle du récit. L'atmosphère, de ce point de vue, prime sur l'action. Après environ deux tiers du film à mettre les protagonistes dans une situation sinistre et oppressante, la dernière partie du film est celle de la terreur pure, presque irrationnelle. Le monstre, lui-même, dans sa complexité formelle, à la fois organique et mécanique, est une sorte de phénomène inconscient, somme de toutes les peurs primitives. Le talent de Scott est d'avoir préservé l'équilibre de cette alchimie par un traitement d'une réelle sobriété, là où d'autres se seraient, probablement, laissé aller à la surenchère (dans une certaine mesure, James Cameron y succombera dans l'opus suivant, tout en y apportant des trouvailles intéressantes).
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L'autre miracle d'Alien est la révélation d'une parfaite inconnue, Sigourney Weaver* au milieu d'un casting autrement plus expérimenté. Dotée d'une photogénie incroyable, elle est, d'emblée, le personnage le moins sympathique (avant de céder sa place à l'Alien), filmée en permanence en légère contre-plongée, réagissant comme un homme, sans humour, se fiant au règlement à la lettre jusqu'à en découvrir la perversion criminelle. Elle devient, pendant la montée dramatique du film, la plus déterminée et fascinante adversaire du huitième passager**. L'autre personnage essentiel est le scientifique Ash Ian Holm, instrument, par sa dualité, à la fois d'un projet et d'un désastre.
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*elle n'était apparue au cinéma que dans une apparition dans Annie Hall de Woody Allen.
**neuvième si on compte le chat Jones !

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