mercredi 18 août 2004

Winchester '73


"Il nous a appris à tirer mais pas sur quoi tirer."

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Premier de la série de cinq westerns* tournés par Anthony Mann avec James Stewart, Winchester '73 est un film remarquable par la nouveauté qu'il apporte dans le genre. Le réalisateur possède, en effet, une qualité rare, qu'il utilisera de manière de plus en plus maîtrisée dans ses films suivants, à savoir un talent visuel assez unique et moderne pour son époque. L'acteur principal, dans son commentaire (historique) du film, le souligne lui-même. L'idée de faire un film sur la carabine Winchester appartient à Fritz Lang, mais le réalisateur d'origine allemande avait abandonné son projet. Le scénario de Borden Chase ne retient que le concept et s'appuie sur une histoire de Stuart N. Lake auquel on doit notamment déjà The Westerner de Wyler et My Darling Clementine de Ford. Le producteur Aaron Rosenberg propose à Chase le nom de Stewart pour le rôle principal. Le scénariste n'accepte ce choix qu'en raison du passé d'aviateur de l'acteur (son opinion ne peut tenir compte de la prestation de Stewart dans Broken Arrow car la Fox a retardé sa sortie de plus d'un an). Pour le choix du réalisateur, ce sont les bonnes impressions laissées par le polar Border Incident et le western (influencé par le film noir) Devil's Doorway qui joueront. Particularité du contrat de Stewart : il prévoit que l'acteur touchera, au lieu d'une rémunération forfaitaire, 50% des profits du film, une première à Hollywood. Le film fera la fortune de l'acteur et lui permettra, artistiquement, de changer de registre.
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Quelques corrections sont à apporter au résumé de la fiche-film. Dans l'ordre : High-Spade Frankie Wilson est le nom complet, trait d'union (important ! cf. dialogues) compris, du compagnon et ami de Lin McAdam. Si Dodge City fête bien l'Indépendance des Etats-Unis, ce 4 juillet 1873, c'est le centenaire de la ville qui est aussi célébré (et non le centenaire de l'Indépendance qui attendra encore dix ans !). La prestigieuse "Winchester '73 One on a Thousand" porte ce label pour désigner un exemplaire certifié sans défaut ; le président Grant et Buffalo Bill Cody en ont chacun reçu une. Lin McAdam n'est pas, par hasard, finaliste et vainqueur du concours mais il est, tout simplement, comme son adversaire Dutch Henry Brown, l'une des meilleures gâchettes de l'Ouest. Ils ont, d'ailleurs, eu tous deux le même professeur. Mais comme Lin McAdam est modeste, il ne manque pas d'être impressionné par le shérif de Dodge City et son adjoint, les célèbres Wyatt Earp et Bat Masterson. Pour resituer et comprendre l'attaque d'indiens armés de fusils, il faut mentionner le contexte historique de la récente et terrible défaite du général Custer à Little Big Horn. Enfin la Saloon Gal a un nom : Lola Manners... et, sans manières, elle en pince pour le galant Lin.
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Avouons-le d'emblée, Winchester '73 est l'un de mes westerns favoris, même si, dans la série évoquée plus haut, je lui préfère The Naked Spur (qui a dit que c'était pour Janet Leigh ?). S'il faut donner des raisons objectives à ce statut, évoquons la (simple !?) présence de James Stewart, dont le jeu alterne habilement entre une douceur presque angélique et une violence encore contrôlée, qui annonce l'ambiguïté des futurs personnages incarnés par l'acteur. Citons également le résumé qu'opère volontairement le film des grands thèmes du genre, résumé traversé ou porté, au choix, par l'intrigue qui lui donne son titre et la solidité des personnages secondaires. Sur le plan stylistique, cette ambivalence joue également. Le classicisme cohabite avec un renouvellement du traitement, en particulier visuel (scènes nocturnes, utilisation dramatique des paysages, mouvements de caméra). Ne reste plus, pour le couple Mann-Stewart, qu'à creuser la psychologie des personnages, ce qu'il entreprendra dans les opus suivants.
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