mardi 10 août 2004

Paycheck


"Voir l'avenir nous détruira."

Sorti en début d'année sur les écrans français, le dernier film en date de John Woo n'a reçu qu'un succès public mitigé. Un peu moins de sept cent mille spectateurs se sont, en effet, rendus en salles de cinéma, score modeste pour une production de soixante millions de dollars avec Affleck et Thurman en vedette. Entré en cinquième position dans le "Top ten" du box-office français, Paycheck n'y est resté que trois semaines.
Michael Jennings (Ben Affleck) est un ingénieur qui échange ses compétences et sa mémoire à des entreprises de high-tech contre une rémunération égale ou supérieure à huit chiffres en dollars. Au terme de chacune de ses missions, la période en question est effacée, par un procédé électronique ou chimique, de sa mémoire pour l'empêcher de conserver le savoir-faire technologique qu'il a développé. Recruté pour trois ans par Allcom détenu par James Rethrick (Aaron Eckhart) un ancien camarade d'université, il doit mettre au point une machine, élaborée à partir du détournement d'un projet gouvernemental, permettant de connaître l'avenir. A l'issu de son contrat, Jennings ne reçoit pour tout paiement qu'une enveloppe contenant dix-neuf (plus un) objets hétéroclites. Il s'agit d'autant d'indices ou de moyens lui permettant, aidé par la biologiste Rachel Porter (Uma Thurman) qu'il a aimé pendant son séjour chez Allcom, de reconstituer les événements de ces trois années, de contrarier les tentatives d'élimination des hommes de Rethrick et d'échapper aux agents du F.B.I.

Paycheck est un film d'action mineur, nettement moins convaincant que Minority Report, tous deux inspirés par Philip K. Dick. Située dans un avenir proche, la situation n'appartient au domaine de la science-fiction que par deux éléments narratifs cruciaux : la technologie maîtrisée de l'effacement de la mémoire et celle de la visualisation du futur. Pour le reste, l'histoire n'est qu'une longue enquête, tendance rébus, dans la veine de The Bourne Identity. C'est d'ailleurs Matt Damon qui devait initialement interpréter le rôle de Michael Jennings, mais la grande similarité des scénarios des deux films l'a poussé à y renoncer. Dans le même registre, c'est le réalisateur de Rush Hour et de Red Dragon, Brett Ratner, qui devait diriger Paycheck. Occupé à la production de son prochain After the Sunset, il laissa la place à John Woo, lequel signe un nouvel opus d'un niveau qualitatif inférieur à celui de ses œuvres hong-kongaises, pas foncièrement plus intéressant que son pâle Mission: Impossible II(auquel il emprunte l'idée de la poursuite en moto). Si après Kill BillUma Thurman a définitivement gagné ses galons d'actrice crédible dans un film d'action, ce qu'elle prouve encore ici malgré les faiblesses du script, Ben Affleck est, en revanche et encore une fois, à la peine avec une interprétation totalement dénuée de prestance* et de subtilité.
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*toute comparaison avec Cary Grant serait, naturellement, absurde.

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