jeudi 10 juin 2004

Columbo


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Columbo est le personnage principal d'une nouvelle écrite, au début des années 1960, par deux camarades d'université, William Link et Richard Levinson. Le lieutenant s'appelle, en fait, à l'époque Fisher, mais il a déjà toutes les caractéristiques du futur Columbo. Ce qu'il devient lorsque la chaîne NBC le programme dans sa grille. L'épisode Enough Rope passe relativement inaperçu. Et presque tout le monde a oublié que l'acteur qui incarne le premier Columbo était un certain Bert Freed. Link et Levinson adapte alors leur nouvelle pour le théâtre. Columbo, joué par Thomas Mitchell, le père de Scarlett O'Hara dans Gone with the Wind, devient un personnage secondaire car c'est l'assassin qui occupe la tête d'affiche. Mais rapidement Mitchell vole la vedette à ses partenaires et reprend les commandes de l'histoire. Ce qui reste le cas lorsque ses deux créateurs proposent une nouvelle version de leur script à Universal. Peter Falk endosse l'imperméable du policier de la brigade criminelle de la LAPD dans Inculpé de meurtre, diffusé le 20 février 1968 sur NBC. La chaîne souhaite prolonger l'aventure sous la forme d'une série. Falk, d'abord réticent, finit par accepter moyennant un rythme de tournage de six ou sept épisodes par an. Curieusement, NBC demande un second pilote, considérant que le premier possède un statut de téléfilm et non d"épisode de série. L'autre raison, moins officielle, est que la chaîne ne comprend pas le succès de Columbo et doute qu'il soit durable. On connaît, aujourd'hui, ce qu'il en est. La série débute en 1971.
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Il est vrai que le personnage de Columbo n'a rien de ce qui, habituellement, attire le public. Petit, mal coiffé, habillé comme l'as de pique, conduisant une antiquité, de surcroît européenne (le snobisme de posséder un véhicule étranger n'existait pas encore aux States), c'est l'archétype du looser, l'anti glamour incarné. De plus, il n'apparaît à l'écran qu'après un vingtaine de minutes environ, une fois le forfait accompli. Ce qui ne répond pas au standard des séries télévisées. Pas de réel suspens non plus, le téléspectateur, selon le principe de R. Austin Freeman et Roy Vickers, connaît le coupable puisqu'il l'a vu commettre le crime. Le lieutenant semble, lui aussi, avoir rapidement, mais sans le laisser montrer, tout compris de l'affaire. Columbo est ce que l'on appelle une "formula show"*, c'est à dire que la série réédite à chaque fois la même structure scénaristique. Tout l'intérêt réside alors dans la découverte de la manière dont le policier va assembler les morceaux du puzzle. Pour cela, avec ses manies, son côté fureteur, son soucis des détails les plus invraisemblables, ses questions qui semblent sans consistance, parfois hors sujet, ses fausses sorties qui sont devenues un gimmick, il donne le sentiment à son adversaire qu'il n'a rien à craindre et lui fait relâcher sa garde. Le plaisir pour le spectateur se situe dans ces joutes verbales et psychologiques entre les deux protagonistes. Et plus l'adversaire, qui peut opter, selon le cas, pour la cordialité ou l'antipathie, est intelligent et puissant, plus le plaisir est grand. Et lorsqu'il se rend compte de la qualité et de l'efficacité de son interlocuteur, il est déjà trop tard.
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L'interprétation de Peter Falk est pour beaucoup dans la réussite de la série. Le choix de castings souvent de qualité, parfois prestigieux, l'a renforcé. A noter que la choix de Serge Sauvion pour doubler la voix de l'inspecteur en français a également participé au succès en France. La série s'interrompe en 1978 pour des raisons financières. En 1989, ABC reprend la "franchise", toujours avec le même acteur principal. Si les épisodes se laissent regarder, cette reprise à un petit arrière-goût de réchauffé et a perdu une grande partie de son charme.
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*comme l'est, par exemple, la série Mission: Impossible.

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