lundi 7 juin 2004

Aïe


"C'est commencé là ? C'est commencé !"

Sophie Fillières, scénariste, notamment du dernier film des frères Larrieu, Un Homme, un vrai, a également réalisé trois films. Après un court-métrage qui obtient le "Prix Jean Vigo" en 1992 et un premier long, Grande Petite, avec Judith Godrèche, elle écrit et met en scène ce film insolite qu'est Aïe avec sa sœur dans l'un des rôles principaux.


Robert (André Dussollier) s'est séparé de Claire (Emmanuelle Devos) depuis environ un an. Avec son nouvel ami, François, celle-ci vient de donner naissance, un peu malgré elle, à un petit garçon, Simon. Robert et Claire s'aiment probablement encore mais ne se l'avouent pas. Il fait la connaissance de Marie-Pierre (Hélène Fillières), surnommée Aïe. Séduit pas sa beauté, il est toutefois troublé par sa personnalité singulière. Déjà passablement compliqué lui-même, il doit choisir, sans avoir vraiment le choix, entre une ex qui n'est plus libre et une Aïe qui le déroute. Il le sera d'autant plus lorsqu'elle lui confiera le secret de son origine.
Une comédie avec des morceaux de gravité dedans, voilà une expression qui pourrait bien caractériser ce film. Conçu comme un exercice de style, en choisissant un personnage principal, Robert, auquel elle ne pouvait pas s'identifier (contrairement à la Bénédicte de Grande Petite), Sophie Fillières lui donne également un petit côté fantastique, ou plutôt enfantin, ce qui est presque synonyme. Très travaillé sur le plan des dialogues, le scénario fait la part belle aux "histoires que l'on se raconte". Et chez les enfants, la parole a presque la force de l'acte. Les personnages, ici, sont, en fait, des enfants dans des corps d'adultes. Aucun n'a vraiment grandi. Robert est puéril et gentiment irresponsable, Claire a beaucoup de mal à assumer sa maternité et Aïe est un pur esprit. D'ailleurs, elle ne retient pas les aliments ! La réalisatrice s'est visiblement amusée à tourmenter ses créatures, à mettre à nu, parfois crûment mais toujours de manière pudique, leurs faiblesses. On peut être déçu par la chute, apparemment sans logique. Doit-on donner une fin réaliste à ce qui ne l'est pas ? Pour satisfaire ceux qui l'ont vu ou le verront, et je vous y invite, voilà ma morale du film : Aïe est une fée dont la seule mission était de réunir Robert et Claire. Joli trio d'acteurs et étrange musique de l'éclectique jazzman Michel Portal.




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