lundi 3 mai 2004

Twentynine Palms


"Mais il n'y a rien à comprendre."

Déroutant pour ce qui est sensé être un road-movie ! Et aride comme le désert de Joshua Tree Valley, près de Los Angeles, qui lui sert de décor. Si les deux précédents films, récompensés*, de Bruno Dumont étaient déjà austères et dépouillés, Twentynine Palms est un sommet dans le genre. Présenté au Festival de Venise en 2003, il appartient résolument à un cinéma expérimental, sans que l'on puisse le cataloguer dans un registre ni lui trouver de référence.

David (David Wissak) part faire des reconnaissances photographiques dans le désert qui entoure la petite ville de Twentynine Palms (Californie). Il emmène avec lui Katia (Yekaterina Golubeva). Entre promenades et copulations, les deux êtres vont alternativement s'aimer et se déchirer, et inversement. Jusqu'au moment où un double événement inattendu et fou conclura dramatiquement leurs pérégrinations.
Et pourtant, on attend qu'il se passe quelque chose tout au long (deux heures) du film. On a peut-être tort. C'est probablement cette troublante banalité solitaire et cette "suspension" que cherche à capter et à faire passer le réalisateur. On accroche ou pas, selon les affects. Pour ma part, cela ne constitue qu'un exercice de style sans réel intérêt. Davantage une négation qu'une sublimation du cinéma. Une expression (bilingue) minimaliste et primaire revendiquée, avec juste ce qu'il faut d'esthétisme et, parfois, de voyeurisme ou de vulgarité, pour lui conférer son statut d'oeuvre controversée, donc géniale. Surtout ne pas aller chercher du côté de Duel ou Delivrance comme le suggère la jaquette**, Twentynine Palms est, selon moi, aux antipodes des remarquables œuvres de Spielberg ou Boorman. C'est plutôt chez Dario Argento, s'il faut absolument trouver une parenté, que se situe une éventuelle comparaison, avec une dimension horrifique moins forte ou moins assumée. Une dernière chose : on ne note pas ce que l'on ne comprend pas.
___
*"Grand prix du jury" à Cannes, "Prix Jean Vigo", "Découverte européenne de l'année".
**et évoqués par le producteur dans les suppléments.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire