lundi 5 avril 2004

The League of Extraordinary Gentlemen (la ligue des gentlemen extraordinaires)


"Bombe voyage !"

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Alan Moore est un auteur britannique de bandes dessinées auquel on doit déjà une adaptation au cinéma, From Hell. Lorsque le projet de mettre en scène sa "Ligue des gentlemen extraordinaires", pour laquelle son esprit délirant avait réuni de grands personnages fantastiques de la littérature du XIXe siècle*, a été annoncé par la Fox, cela constituait, sur le principe, pour les amateurs, une riche idée. Mais, dans sa volonté d'en faire un film tout public, la production et la réalisation ont laissé de côté une grande partie du charme de l'œuvre originelle. Une première explication : peut-être parce que la ligue n'est pas dirigée par Mina Harker comme dans l'ouvrage.
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A l'aube du XXe siècle, un mystérieux personnage, qui se fait appelé Le Fantôme, menace l'équilibre du monde par des attaques successives à Londres et à Berlin. Il souhaite, en réalité, vendre ses armes novatrices aux nations pour qu'elles s'entre-déchirent. Le Fantôme pourrait, alors, dominer le monde. Il prévoit de faire la démonstration de son pouvoir en détruisant Venise. Sa Gracieuse Majesté fait réunir, par ses services, les plus éminents et étranges super-héros, sept en tout, conduits par Allan Quatermain, susceptibles de sauver la planète. Mais l'un d'entre eux est un traître.
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Avec un peu plus d'un million d'entrées en France, La Ligue des gentlemen extraordinaires a connu un succès relatif. Ce qui aurait pu être un passionnant film fantastique, reprenant la brutalité et l'inconvenance de la B.D., n'est qu'un pur divertissement. Il y a, donc, deux manières de voir le film : soit on garde en mémoire l'œuvre graphique et l'on est forcément déçu, soit on fait abstraction des origines du film, et il se laisse voir sans déplaisir, mais sans enthousiasme particulier. Il ressemble alors à un Indiana Jones qui aurait fréquenté de près les X-Men dans les faubourgs du Gotham City de Batman. Le film fait la part trop belle aux personnages et aux effets spéciaux par rapport à l'histoire, qui, elle-même, laisse un peu à désirer. Sean Connery ne dit-il pas lui même qu'il a refusé Le Seigneur des anneaux et Matrix parce qu'il n'y avait rien compris, mais qu'il a accepté son rôle d'Allan Quatermain sans pour autant en comprendre le scénario. Et il a raison. On reste un peu sur notre faim, car on ne sait jamais où le script veut nous emmener. Sans créer, pour autant, une saine surprise. Les tensions du tournage sont parfois apparentes (Connery et le réalisateur ne sont pas arrivés à travailler ensemble, le premier, fort de son expérience, voulant diriger le film à sa manière, sans parler de la catastrophe climatique survenue à Prague où se déroulait la production). Au final, une impression mitigée et une question : pourquoi, compte tenu de l'importance des effets spéciaux, ne pas en avoir fait un pur film d'animation ?
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*Nemo de Jules Verne (1870), Tom Sawyer de Mark Twain (1876), Allan Quatermain de H. Rider Haggard (1885), Dr. Jekyll/Mr Hyde de Robert Louis Stevenson (1886), Dorian Gray d'Oscar Wilde (1891) Mina Harker du Dracula de Bram Stoker (1897) et l'Homme invisible de H.G. Wells (1897).

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