mardi 2 mars 2004

Travail d'arabe


"Chevauchée dans le Var Ouest"

Après quelques courts et un premier long-métrage d'inspiration documentaire, Travail d'arabe est le premier film de fiction de Christian Philibert. Le scénario, co-signé avec Yamina Guebli, s'inspire des propres mésaventures vécues pas le réalisateur pour l'installation d'un chauffage au gaz. Le cinéma comme forme sublimée de la vengeance ?
Momo (Mohamed Metina), arabe, provençal et français (selon ses propres mots), lourdement condamné à six mois de prison pour possession de cannabis, bénéficie d'une réduction de peine. Son père, qui se considère déshonoré, ne l'accepte pas chez lui. Momo décide d'aller chercher du travail dans le petit village provençal où travaille sa soeur Samia (Malika Khatir). Embauché par Gilou (Cyril Lecomte), un proche de celle-ci, il est pris à l'essai dans l'entreprise de chauffage Gutti. Le chantier chez une personne âgée, Madame Leguay, sur lequel il seconde un certain Batavia, est un pur désastre. L'ouvrier "qualifié" bâcle le travail de manière évidente et dangereuse. Renvoyé par les frères Gutti qui ne veulent pas d'un arabe dans leur entreprise, Momo retourne voir Madame Leguay mais elle est décédée et le gaz pourrait être la cause de sa mort. Appuyé par Jacques Chevalier (Jacques Bastide), un expert procédurier mais courageux et sans préjugés, il va tenter de faire la lumière sur cet événement et prouver la culpabilité des Gutti.
"Comédie citoyenne" d'après Philibert, on veut bien le croire tant l'humour simple de la caricature côtoie la dénonciation de certains travers de notre société bien-pensante (expression qui est, rappelons-le, un paradoxe !). Mais c'est aussi un western rural. Bien qu'écrit, le film a conservé le côté réaliste ou documentaire de son prédécesseur. L'improvisation est assez sensible, d'autant que la moitié du casting est constituée d'acteurs jeunes et/ou inexpérimentés. Images dépouillées, parfois poétiques, caméra portée renforcent cette impression de simplicité naturelle, pendant que la musique d'inspiration rap-orientale nous clame que "l'exotisme est quotidien"... même dans le sud de la France. Mais la charge véritable, au delà du principe qui veut que la justice soit plus efficace à condamner le délit que le crime, est menée contre ces entrepreneurs sans scrupules qui profitent de la crédulité ou de la faiblesse des gens pour les tromper, les escroquer et, parfois, les mettre en danger... en toute impunité. Le condamné Momo est, par contraste, un modèle de probité... bien qu'il ait tendance à s'emporter un peu vite. Sûrement l'effet du sentiment d'injustice. 

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