mardi 23 mars 2004

Narc


"C'était le Bien contre le Mal."

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C'est parce qu'il a apprécié et produit (après son tournage) le deuxième film de Joe Carnahan que Tom Cruise a choisi celui-ci pour diriger le troisième volet de Mission: Impossible. Présenté au Sundance film Festival en 2002, Narc a reçu le "Prix spécial de la police" du Festival du film policier de Cognac la même année. Succès modeste aux Etats-Unis, mais qui lui a, toutefois, permis d'amortir un budget assez faible, il est passé presque inaperçu lors de sa sortie dans les salles françaises, cet été. Pourtant, c'est un polar efficace, qui puise ses racines dans la tradition du genre, notamment chez Friedkin.
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Difficile de résumer un récit, somme toute, assez simple* mais qui sème progressivement la confusion et dont la richesse est surtout "atmosphérique". L'intrigue est moins complexe que celle de ses modèles, The French Connection ou To Live and Die in L.A. La particularité du film réside dans l'importance accordée à l'intimité familiale des rôles principaux. Plus que de rompre le rythme, les scènes en question étoffent la dimension psychologique des personnages et créent un intéressant déséquilibre, générateur de crises, entre les sphères privées et professionnelles. Cette alternance, par contraste (y compris visuel), accentue la nervosité des séquences d'action. D'autant que la plupart d'entre elles sont tournées caméra à l'épaule et qu'elles ne négligent pas le côté réaliste et spectaculaire, soit par leur contenu, soit par un montage parfois volontairement frénétique. Le split screen, revenu à la mode, est, ici, intelligemment utilisé pendant la phase d'enquête, à la fois pour éviter un traitement conventionnel et mettre en parallèle les méthodes employées par les deux policiers.
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Ambiances froides, comme les artères de Toronto, qui se prend pour Detroit, sous la neige, abondance de lumière bleue, flash caractérisent la photographie du film dans un décor d'une désolation certaine. Le spectateur doit être attentif aux détails pour profiter pleinement d'un final qui, hélas, pêche par un léger déficit d'intensité**. Le duo d'acteurs est solide et fonctionne bien. Jason Patric trouve avec Nick Tellis, un de ses meilleurs rôles après The Lost Boys de Joel Schumacher et The Beast of War de Kevin Reynolds. Ray Liotta, méconnaissable, tout à la fois inquiétant et fragile, n'a jamais été aussi bien employé depuis le Goodfellas de Scorsese. Enfin, soulignons l'importance de la musique, elle aussi simple, surtout rythmique, mais qui participe beaucoup au caractère du film.
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*le film trouve son origine dans un court métrage, "Gunpoint", écrit et réalisé par Carnahan à l'université à partir d'un documentaire, lui-même inspiré d'un fait divers. Sept mois ont été consacrés à la rédaction du scénario du long métrage et trois ans pour le produire. "Personne n'en voulait, reprochant au script de n'être qu'un épisode de feuilleton télé inventé de toutes pièces et qui n'avait pas l'étoffe d'un long métrage" précise le réalisateur.
**surtout si on le compare à l'introduction pré-générique. Celui-ci n'apparaît qu'au bout de dix minutes !

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