dimanche 18 janvier 2004

Scenes of the Crime (la loi des armes)


"- Sois malin, barre toi. ...
- Finalement, ce qui compte , c'est qui a le flingue."

Premier long-métrage du réalisateur, Scenes of the Crime, disons le tout de suite, ne tient pas ses promesses. Présenté comme un thriller ou un film d'action, il souffre clairement d'un manque de tension dramatique et, paradoxalement, d'action. La phrase en exergue*, citation de Big Jim Colosimo, est censée éclairer une intrigue qui a bien du mal à décoller et dont les enjeux sont confus, la faute à un scénario original bancal. Pour la petite histoire, Big Jim Colosimo, immigré de Calabre dans les années 1890, était un tenancier de boîte de nuit et accessoirement (ou l'inverse) proxénète notoire de Chicago. Il fut abattu par un rival qui souhaitait s'emparer de son empire. Le bras droit de Big Jim en "hérita" finalement, et prit comme collaborateur un certain... Al Capone.
Le film aurait pu s'appeler "Règlement de comptes au coin de Greenland et de la Septième" (un peu long, j'en conviens !). Ricky est chargé par Trevor, un personnage puissant du milieu, de kidnapper un rival, Jimmy Berg. Ricky, qui semble vouloir jouer sur deux tableaux, demande à Lenny Burroughs, un jeune homme sur le point de se marier et ignorant tout de l'affaire, de lui servir de chauffeur. Berg est enlevé sous les yeux de son fils et emmené en van jusqu'à un lieu de rendez-vous qui va s'avérer ne pas être celui convenu avec Trevor. Celui-ci se présente chez Steven, l'associé de Berg, pour lui réclamer l'argent que le duo lui doit. Dans le même temps, les hommes de Steven arrivent à l'endroit où est retenu Berg, élimine Ricky et mettent la pression sur le pauvre Lenny. Commence alors un long marchandage avec retournement de situation et d'alliances dont l'issue n'est pas résolue par l'alternative : tuer ou libérer Berg pour les motifs exposés.

Scenes of the Crime est essentiellement un film de dialogues. La scène d'enlèvement et celle de l'arrivée des hommes de mains de Steven en sont les seuls moments de "bravoure" sur le plan de l'action. Celle d'ouverture au cours de laquelle Lenny chronomètre ses temps de parcours et l'amorce de l'histoire font irrésistiblement penser à The Driver** de Walter Hill, mais les deux films n'ont rien à voir. Nous sommes, en effet, confinés dans le van ou dans l'épicerie toute proche pendant les deux-tiers du métrage. Difficile d'y développer une intrigue forte et enlevée, Forma n'est pas Lumet. D'autant que la mise en scène choisie, qui laisse longtemps le spectateur dans une situation d'ignorance des enjeux, est plutôt maladroite.

Les fausses pistes (au milieu des vraies) sont aussi fines que les amarres du Queen Mary II. La séquence de l'arrivée, en trompe l'oeil, de la police dans la "fameuse" épicerie, avant même l'arrivée du convoi, en est un exemple frappant. D'autant qu'elle voit la chute et l'explosion... d'une navrante bouteille de ketchup. Le réalisateur compense avec une photographie esthétisante, notamment (encore) dans l'épicerie, qui n'est pas sans rappeler Adrian Lyne. Seule l'avant dernière scène, par l'effet de surprise qu'elle provoque, permet de ne pas garder une impression trop défavorable du film, d'autant que l'interprétation, y compris celle de Jeff Bridges, n'est pas des plus brillantes. Le film se regarde, certes, sans déplaisir mais il est, presque immédiatement, oublié.
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*"Ce qui nous différencie du reste du monde, c'est qu'aucune loi ne nous protège, tout se résout finalement par la force."
**une référence explicite à Bullitt est, en revanche, faite dans le film : Lenny possède une affiche du film dans sa chambre et Berg compare son ravisseur-malgré lui au lieutenant Frank Bullitt. Une question et une remarque s'imposent alors : 1. Qu'est-ce qui peut bien faire penser à Bullitt chez Lenny ? Visiblement, Berg (et, par conséquent, le scénariste) n'a pas vu le film puisque qu'il déclare, à contresens : "McQueen... C'était le plus malin, surtout quand cela commençait à mal tourner."

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