vendredi 30 janvier 2004

Deathwatch (la tranchée)


"Bienvenue en enfer, Shakespeare !"


Nous avions eu, bien sûr, la maison hantée mais aussi le bateau, le sous-marin, l'hôtel, le bosquet hantés. Gaston Leroux a inspiré Le Fauteuil hanté. Il y a même eu une Souris hantée chez Chuck Jones. Voici donc La Tranchée hantée imaginée, pour son premier film, par Michael J. Bassett. Sorti en décembre 2002 en Grande-Bretagne et présenté hors compétition au cours de l'édition 2003 du Festival Fantastic' Arts de Gerardmer (au milieu d'une sélection plutôt relevée), le film n'a pas connu d'exploitation en salles chez nous avant sa sortie en vidéo. Est-ce forcément mauvais signe ? Pas toujours, des précédents l'ont prouvé. Deathwatch est, en tous cas, supérieur à bien des films du genre qui ont bénéficié d'une distribution de plusieurs centaines de copies l'année dernière.
En 1917, sur un mal défini front ouest sur lequel s'opposent alliés et allemands, la compagnie Y d'un bataillon britannique subit, pendant la nuit, une terrible épreuve du feu : grenades, mitraille, barbelés, gaz... A l'aube, les neuf rescapés errent dans la campagne, emportant le soldat Chevasse, sérieusement blessé, sur une civière. Ils atteignent une tranchée occupée par trois soldats allemands. Ceux-ci semblent plus effrayés par un mystérieux et invisible danger que par l'arrivée de guerriers ennemis. Deux sont abattus sur le champs, le troisième est fait prisonnier. Sous la pluie, dans la boue et le froid et au milieu des cadavres, la vie s'organise en attendant des renforts que l'on ne parvient pas à joindre par le poste à galène. Le sentiment d'être perdu et abandonné, la fatigue, la peur de l'ennemi embusqué et la tension croissante désolidarise progressivement le groupe. On s'invective, on se heurte, on en vient aux mains... on se tire dessus par erreur, avant de tuer délibérément. Une étrange folie meurtrière semble s'être emparé des hommes alors que des phénomènes inexpliqués surviennent comme le corps de Starinski retrouvé mort, ficelé dans du barbelé. Ce n'est que le début d'une longue agonie surnaturelle.
Mettre en scène une histoire horrifique dans le contexte déjà infernal de la Première Guerre mondiale était une bonne idée. Manière de justifier, d'une certaine manière, le dicton : "soigner le mal par le Mal". Bassett, auteur du scénario, n'a pas de mal à nous convaincre que, dans cette ambiance superlative de mort (la France a perdu près d'1,5 millions d'hommes, la Grande-Bretagne, environ 1 million et l'Allemagne, 2 millions. Plus de 8,5 millions de soldats sont morts, tous camps confondus, pendant cette guerre), le Démon ne doit pas être très loin. Le script n'est, visiblement, pas très construit, une bonne part d'improvisation paraît entrer dans la composition du film. Mais il faut reconnaître que les ambiances, qui n'atteignent pas des sommets d'épouvante, sont réussies. Seules quelques scènes, qui font résolument intervenir le fantastique, empêchent Deathwatch de n'être qu'un drame psychologique dans une situation de guerre. Et c'est plutôt une qualité à mettre à son actif car il aurait été facile de tomber dans la caricature. Mais il est vrai aussi qu'avec autant d'enthousiasme et un peu plus de métier, le film aurait pu être beaucoup plus percutant.
Le très jeune Jamie Bell (le héros du bien différent Billy Elliot) manque lui aussi un peu d'épaisseur pour donner à son personnage de Charlie Shakespeare une intensité suffisante. L'irlandais Hugh O'Conor s'en sort un peu mieux en croyant qui perd la foi et s'abandonne à l'esprit du Mal. Quand à Andy Gollum Serkis, il n'a pas à se forcer beaucoup pour jouer le barbare médiéval (il scalpe ses victimes !)

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