lundi 17 novembre 2003

Un Homme est mort


"Aussi longtemps qu'Alex* est vivant,... je suis un homme mort."

Troisième des cinq collaborations entre Jacques Deray et le scénariste Jean-Claude Carrière, Un Homme est mort déçoit par la faiblesse narrative et le manque d'épaisseur psychologique des personnages. Carrière, dans son bref commentaire figurant dans les suppléments, précise que le film a été tourné aux Etats-Unis lors d'un déplacement initialement organisé pour un projet de film qui ne s'est pas fait. Sans le justifier, on peut raisonnablement dire qu'une forte dose d'improvisation est entré dans sa composition.

Lucien Bellon (Jean-Louis Trintignant) arrive à Los Angeles, en provenance de Paris, pour "exécuter" un contrat sur Victor Kovacs, un riche homme d'affaires impliqué dans le milieu. Sa mission accomplie, il est la cible d'un tueur (Roy Scheider) qui, au préalable, a récupéré ses affaires, dont son passeport, à son hôtel. Bellon, comprend rapidement que ce sont ses propres "employeurs" qui cherchent à l'éliminer. Après une pseudo prise d'otages, il trouve provisoirement un refuge grâce à une relation de son ami parisien Antoine, la gironde Nancy Robson (Ann-Margret), et, après une incessante course poursuite avec l'homme chargé de le tuer, il organise sa contre-attaque, épaulé par Antoine (Michel Constantin) et un acolyte fraîchement débarqués en Californie.
Un Homme est mort est un peu vain et désuet. Rien ne fonctionne dans ce film. Pour commencer, Bellon que l'on prenait pour un tueur professionnel, froid, organisé et qui se contente d'une seule balle dans le barillet de son revolver pour réaliser son job, se révèle n'être qu'un amateur qui a accepté cette première exécution pour se débarrasser d'une dette. Le tueur à ses trousses est aussi maladroit que le script, ratant sa cible même dans les conditions les plus favorables, décidant de liquider un témoin et d'en épargner un autre. Nancy Robson s'éprend d'un "héros" aussi glacial qu'un frigo de morgue. Nous avons alors droit à une scène ridicule dans laquelle elle lui demande de s'en aller... alors qu'il ne demande que cela. Sans oublier les séquences "hair in the soup" lourdingues du témoin interrogé par la police qui s'interroge, à son tour, sur l'absence des journalistes de télévision ou de l'ancien junky devenu mystique chrétien, pris en stop, qui va instantanément vérifier si sa foi est fondée dans le ciel. Et le thème musical à l'orgue sur rythmique faussement groove, suranné, complète un tableau désespérant.
Le casting, pourtant prestigieux, est mis à mal. Jean-Louis Trintignant, dans le premier de ses deux films avec Deray, est un peu perdu, comme son personnage, dans cette histoire simpliste dans laquelle il ne peut pas développer son talent spécifique. Il en donne parfois un aperçu fugitif mais insuffisant pour donner de l'intérêt au film. Dans L'Attentat d'Yves Boisset, tourné la même année et infiniment plus captivant, il avait également comme partenaire un certain Roy Scheider auquel le script donne un rôle quasiment muet. Il ne reste rien du convaincant acteur de French Connection sorti l'année précédente. Ann-Margret possède un emploi plutôt décoratif, Angie Dickinson, en veuve joyeuse, joue les utilités, Michel Constantin n'apparaît que dans le dernier (et sanglant) quart d'heure.
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*je n'y suis, personnellement, pour rien... quoique !

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