lundi 13 octobre 2003

The Spoilers (les écumeurs)


"... But there's one thing she can't stand, and that's legal hocus-pocus!"

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Ray Enright a commencé sa carrière cinématographique en écrivant des gags pour Mack Sennett et en dirigeant des films muets mettant en vedette le fameux Rin tin tin. Mais il s'illustra surtout dans le western, dès 1928, avec notamment deux classiques : Coroner Creek en 1948, avec Randolph Scott (influencé par le film-noir) et Montana en 1950, avec Errol Flynn. Il met en scène, en 1942, la meilleure adaptation du roman de Rex Beach, The Spoilers, lequel a déjà inspiré deux films muets (en 1914 et 1923), une version intéressante de Edward Carewe avec Gary Cooper et un cinquième remake en 1955, avec Anne Baxter dans le rôle de Cherry Malotte tenu ici par Marlene Dietrich.
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Un oeuvre littéraire qui fait l'objet de multiples adaptations au cinéma (cf notre critique de The Virginian) ne manque, en général, pas de richesses narratives, et c'est le cas du roman de Beach. L'action se situe en Alaska (une nouvelle frontière du rêve américain), en 1900, parmi les chercheurs d'or. Elle se passe à un moment critique où l'absolue liberté d'entreprendre ne suffit plus car, attirant la convoitise des arrivants tardifs, la loi du plus fort en devient la règle et le meurtre l'instrument du vol. On assiste donc, parallèlement à la naissance d'une économie structurée, à l'apparition d'une autorité administrative et judiciaire. Celle-ci a pourtant du mal à s'imposer, d'abord parce que la population des pionniers est constituée, le plus souvent, d'individus qui ne sont pas instruits et pour laquelle le langage juridique est du charabia. Ensuite, parce que, sous couvert apparente de légalité, certains profiteurs font leur apparition, les Spoilers, comme l'avaient fait les Carpetbaggers dans les états du sud, au moment de la reconstruction après la guerre de Sécession.
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Le film de Enright rend bien cette période enthousiaste mais périlleuse. D'emblée, le film s'ouvre sur l'arrivée d'un train au milieu d'une ville, Nome, aux rues boueuses mais en plein développement. L'absence d'autorité est immédiatement manifeste dans cette courte scène dans laquelle un homme est refoulé d'un hôtel complet mais profite du départ (check-out : régler son comte !) d'un des occupants... les pieds devant, abattu au sommet de l'escalier. On y fait la connaissance de Cherry Malotte, la patronne du saloon, une femme d'affaires dynamique et romanesque, de Roy Glennister (John Wayne), son amant, copropriétaire, avec Al Dextry, d'une des mines les plus importantes de la région, de McNamara (Randolph Scott), le commissaire aux mines, son associé crapuleux, le juge Stillman et la fille de celui-ci, Helen. Après s'être opposés sur la validité d'une action judiciaire à leur encontre (l'éternel bataille entre les modernes et les anciens), Glennister et Dextry vont faire front commun pour récupérer leur mine convoitée par le duo administrateur-juriste sans vergogne. Ils seront aidés dans leur entreprise par l'amour de Cherry et Helen pour Glennister et par leurs amis chercheurs d'or.
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Réalisé avec un classicisme sympathique, The Spoilers vaut surtout pour son intrigue et sa galerie de personnages. Marlene Dietrich après Destry Rides Again et avant Rancho Notorious, tourne là le deuxième des trois westerns de sa carrière. Elle est parfaite dans le rôle ambivalent de Cherry, déterminée et sentimentale. Randolph Scott est une valeur sure du cinéma et du western en particulier (il suffit de se souvenir de ses prestations dans The Last of the Mohicans de Seitz, Jesse James de King/Cummings, Virginia City de Curtiz ou encore Western Union de Lang). John Wayne, encore jeune premier, est réjouissant. Son combat aux poings, à la fin du film, est un morceau d'anthologie. Mention spéciale à Harry Carey dans le rôle de Dextry, à Richard Barthelmess, dans ce personnage de l'ombre qu'est Bronco Kid et à la figuration aux "mines" pleines d'authenticité. A noter : la citation fugitive, dans le film, de The Shooting of Dan McGrew mis en images par Herbert Blaché en 1915 et par Clarence G. Badger en 1924.

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