lundi 8 septembre 2003

The Bridges at Toko-Ri (les ponts du toko-ri)


"Si je ne peux affronter la réalité maintenant, il n'y a guère d'espoir pour moi si quelque chose venait à arriver."

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Ce Bridges at Toko-Ri s'inscrit dans la partie la moins intéressante de la filmographie de Mark Robson. Rappelons qu'avant d'être réalisateur, il fut un génial monteur de la R.K.O., notamment pour Orson Welles ou Jacques Tourneur. Sous la houlette du producteur Val Lewton, il met en scène quelques excellents films d'horreur dont The Seventh Victim (1943) ou Bedlam (1946). Stanley Kramer lui permettra de sortir d'un genre et d'une relative confidentialité. Parmi les films à retenir, Champion, House of the Brave ou The Harder they Fall.
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C'est James Michener, prix Pulitzer pour son premier roman et avec lequel il avait déjà travaillé pour Return to Paradise en 1953, qui est à l'origine du scénario du film. Construit en trois actes, avec pour toile de fond la guerre de Corée, nous assistons successivement à un sauvetage de pilote en mer, à quelques jours de permission-vacances du Lieutenant Harry Brubaker en famille au Japon puis à une délicate opération aérienne qui donne son titre au film. Les thèmes, classiques (éculés), développés sont la solidarité entre soldats de la Navy et le sacrifice. La particularité tient dans la relative fragilité du héros, liée à son statut de militaire non professionnel (il est avocat dans le civil), à son récent amerrissage forcé et surtout à ce qu'il peut perdre : une très jolie et aimante épouse et deux adorables fillettes. La partie centrale du film, qui dure environ une demi-heure, est manifestement là pour insister sur ce dernier aspect et pour décrire, maladroitement*, le mécanisme de "l'exorcisme" de l'impact de la perte d'un être cher. Nous sommes cependant inconsciemment préparés, quoiqu'incrédules, à la possibilité d'une fin tragique.
La cinématographie est, elle aussi, d'un classicisme consommé. Les quelques scènes d'actions, essentiellement de vol aérien, ne compensent pas les nombreux plans fixes qui n'apportent pas grand chose à l'intérêt du film. La bande originale, d'un style pompier, manque quant à elle du moindre soupçon d'originalité.
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L'interprétation de William Holden, bien entendu solide, n'égale pas, la faute à un scénario qui se contente d'une certaine superficialité psychologique des personnages, celle d'un Sunset Boulevard ou d'un Bridge on the River Kwai (encore une histoire de pont !). Grace Kelly, entre deux Hitchcock, nous prouve à nouveau, dans les limites du script, qu'elle sait remarquablement bien être embrassée. Mickey Rooney apporte une touche de légèreté dans un film qui n'en a pas beaucoup.
En conclusion, le film est résumé dans son prélude : une ode sans réel caractère à l'U.S. Navy et à l'anti-communisme dont seul le final, inattendu (sans l'être totalement), apporte un peu de relief.
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*voir, à ce propos, la faiblesse de la scène d'explication entre les époux.

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