lundi 8 septembre 2003

Scemo di guerra (le fou de guerre)


"Pour l'amour que je te porte."

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Etrange film que ce Scemo di guerra. On connaît la passion de Dino Risi pour la psychiatrie. Il décide de mettre la folie en scène dans un environnement absurde, celui de la guerre ou, plus exactement, un simulacre de guerre. Car si l'organisation et la hiérarchie existent, elles ne s'appliquent qu'au futile et à la tentative de tromper l'ennui. Il y a un côté Désert des Tartares mais sans la composante fantastique propre à l'œuvre d"un autre Dino, Buzzati.
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Lorsque le personnage principal et narrateur, le sous-lieutenant Marcello Lupi, arrive dans l'unité sanitaire de l'armée italienne basée en Lybie, il est confronté à une population d'officiers passablement ébranlée par le climat, l'attente du conflit et le désir sexuel inassouvi. La figure de la femme (mère, épouse, fiancée) est omniprésente et conditionne la psychologie des individus. Mais le plus atteint, en apparence du moins, est le commandant Oscar Pilli dont le dérèglement semble pathologique. Cruel, cleptomane et fantasque, il est craint et haï par ses collègues. Il n'est, en définitive, qu'un être infantile et maladroit qui se rêve en héros charismatique. Il forcera son destin et la sympathie de ses anciens subordonnés dans un acte héroïque insensé et inutile.
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Dino Risi brouille un peu les pistes en multipliant les intrigues secondaires. Son récit est décousu mais ne perd pas pour autant de son intérêt. L'essentiel est dans la description des relations qui se nouent et se dénouent dans ce groupe d'hommes aux personnalités très hétérogènes. Il manie l'humour et le drame comme les deux facettes indissociables d'une même réalité. Drame traité comme une comédie ou comédie élaborée comme un drame, ce va et vient incessant et critique finit par déranger, et c'est probablement le but recherché.
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Coluche est plutôt à l'aise dans ce rôle contrasté. On peut regretter que l'accent soit mis presque systématiquement sur l'outrance du personnage, mais les périodes de fragilité ou de désarroi sont particulièrement convaincantes. Bernard Blier n'apparaît que dans la première moitié du film, mais lui aussi compose un personnage en déséquilibre avec beaucoup de talent et de crédibilité. Beppe Grillo, un peu en retrait car moins haut en couleur, incarne une normalité sympathique mais un peu fade. La galerie de portraits secondaires ne présente pas de personnages dominants.

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