lundi 1 septembre 2003

Ni pour, ni contre (bien au contraire)


"Ca y est, cette fois j'étais loin de Beuzeville... Quand on a pris un chemin, il faut aller jusqu'au bout pour voir où ça vous mène."

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Cédric Klapisch est le cinéaste fabuliste français du XXIe siècle. Il donne souvent à ses "contes" des titres en forme d'adverbes : Riens du tout, Peut-être et ce Ni pour ni contre... Traductions abstraites et percutantes de notre époque : confusion, ambiguïté, absence de repères ou de règles. Klapisch, lui, en a des repères, les bons vieux films noirs qui ont dû bercer sa jeunesse de cinéphile. Plus qu'une tentative dans le genre, il faut plutôt voir dans son dernier long-métrage un hommage à ce cinéma. Et il y parvient assez bien.
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L'histoire imaginée par les complices du réalisateur, Santiago Amigorena et Alexis Galmot, les scénaristes de Peut-être et du Péril jeune, est simple mais, malgré quelques défauts, bien construite. N'a-t-on pas vu cent fois des associations de petits malfaiteurs dans leurs œuvres ? L'un des modèles est, sans conteste, Goodfellas. Ici, l'originalité tient dans le choix d'un personnage féminin, presque ingénu, associée quasiment malgré elle à un groupe de petites frappes masculines qui considèrent le sexe faible comme essentiellement décoratif ou consommable. La surprise va être de taille. Nous accompagnons donc cette "dream team" dans leurs casses et échappées belles et assistons à l'initiation de l'innocente Catherine jusqu'au grand coup final, celui qui permet de se mettre définitivement au vert (ou au bleu, selon le choix !).
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Conçu en grande partie comme un flash-back, le rythme du film est un peu décousu. Introduction pré-générique qui met en appétit, démarrage sur les chapeaux de roues puis une période centrale, drôle mais un peu molle, pendant laquelle se dévoilent et se développent les relations à l'intérieur du groupe. La tension remonte avec l'exécution de l'opération finale qui est une réussite sur le plan cinématographique (pour le reste, les avis sont partagés !). La mise en scène est maîtrisée, seuls les dialogues tombent parfois dans la facilité ou le "gimmick". Très joli travail visuel réalisé par Bruno Delbonnel, avec une photographie soignée dans des tons à dominante verte ou jaune. La bande originale est également un atout, notamment le thème en parfaite adéquation avec l'esprit du film.
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Marie Gillain, qui avait déjà joué les mauvaises filles et les appâts dans le film du même nom de Tavernier, est étonnante de naturelle et d'efficacité. La mutation, délicate, de son personnage est composée de manière très crédible. Notamment lorsqu'elle se transforme en une espèce de Nikita sexy et redoutable mais toujours humaine. On aimerait, à présent, la voir tourner dans des productions plus difficiles et exigeantes, avec quelque réalisateur (étranger) de renom. Elle retrouve ici son partenaire d'Absolument fabuleux, Vincent Elbaz qui a déjà tourné deux fois avec Klapisch. S'il est parfaitement dans son rôle de chef de bande qui a lu les œuvres complètes de Barry White, il n'a pas encore trouvé l'équilibre subtil entre le jeu et la comédie. Simon Abkarian, Dimitri Storoge et Zinedine Soualem complètent une distribution, dans l'ensemble, bien choisie, avec une mention spéciale pour le premier cité.
Au final, du pour et du contre (ou le contraire), le pour l'emportant tout de même.

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