lundi 1 septembre 2003

A Kiss Before Dying (baiser mortel)


"Mais tu ne sauras jamais l'amour que je te porte."

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A Kiss before Dying est un gentil film de série B qui se laisse voir sans déplaisir mais s'oublie presque aussitôt. Il n'a pas, au demeurant, d'ambition démesurée : une histoire qui ne rivalise pas avec celles des chefs-d'oeuvre du genre, des moyens probablement dérisoires, une mise en scène sans relief et un peu "cousue de fil blanc", une interprétation correcte mais sans saveur particulière.
Bud Corliss, un étudiant qui a tout pour réussir et qui possède déjà quelques marques de renommée, rêve de devenir le gendre du roi du cuivre, Leo Kingship. Pour arriver à son objectif, il a séduit, sans difficulté apparente, sa fille, Dorothy, étudiante sur le même campus. Lorsque celle-ci lui annonce attendre un enfant, tout espoir de succès de son objectif disparaît. Pire, il va lui falloir abandonner ses études et travailler pour subvenir aux besoins de sa nouvelle famille. Ne se résignant pas à cet échec, il décide de faire disparaître Dorothy en maquillant son meurtre en suicide. Tout pourrait aller pour le mieux, y compris dans l'accomplissement de son rêve initial (!), si certains indices ne tendaient à prouver l'improbabilité du suicide. Bud va alors entrer dans un cycle qui va révéler sa psychopathologie.
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Premier film de Gerd Oswald en tant que réalisateur, il a, auparavant, assisté son père Richard Oswald (un très prolifique metteur en scène allemand d'influence expressionniste réfugié aux Etats-Unis à l'avènement du nazisme) et Henry Hathaway, notamment sur Niagara. Artisan sérieux mais peu inspiré, il a, de plus, subit les atermoiements des circuits de distribution et ses films sont restés, pour l'essentiel, confidentiels. A Kiss before Dying possède, outre une intrigue un peu plate, plusieurs faiblesses. Une gestion du temps fictionnel erratique : la première partie, celle du meurtre de Dorothy dure à peu près la moitié du film sur trois jours de temps fictif. La seconde partie s'étale sur plusieurs mois. Sans parler de l'absence de transitions qui rendent certaines scènes anachroniques. L'organisation des éclairages en intérieur fait preuve d'un quasi amateurisme et d'un manque de réalisme patent (cf photo n°3*). A cela s'ajoutent des indices qui, dans leur contexte, n'ont aucun sens (rapports annuels collectionnés par Bud), des revirements dans la psychologie des personnages, celle de Leo Kingship en particulier, totalement incompréhensibles, une manière de souligner les événements, soit par le jeu des acteurs (effarement de Bud à l'arrivée de Dorothy dans l'amphi, alors qu'elle est censée être morte), soit par une musique "complaisante" (pour ne pas dire lourdingue, en rupture avec la tonalité presque enjouée du générique de début).
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Gerd Oswald a repris une partie de la distribution du White Feather de Robert D. Webb de 1955. Robert Wagner joue assez bien du charme inquiétant que lui permet son statut de jeune premier (il a vingt-cinq ans au moment du tournage). Très loin de son rôle dans le Prince Valiant d'Hathaway qui l'a révélé en 1954, il parvient à composer un psychopathe à l'apparence normale mais sans atteindre le niveau des prestations des spécialistes que sont Anthony Perkins ou Peter O'Toole (tous les trois sont nés entre 1930 et 1932). Virginia Leith, convaincante dans Violent Saturday (1955) de Richard Fleischer, est moins inspirée ici et passe quasiment inaperçue. Jeffrey Hunter ne possède qu'un petit rôle de policier intérimaire (fumant la pipe à la Maigret). Il y révèle moins d'entrain que dans sa participation au The Searchers de John Ford, sorti quelques mois plus tôt aux Etats-Unis. Quant à Joanne Woodward, son jeu est encore assez loin de celui qu'elle développera, deux ans plus tard, auprès de Paul Newman dans The Long, Hot Summer de Martin Ritt.
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*voir également à 4'30 du film.

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