vendredi 1 août 2003

Le Coût de la vie


"La bohème, la bohème, et nous avions tous du génie."

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Quatrième long-métrage de Philippe Le Guay, Le Coût de la vie est une peinture tragi-comique des relations à l'argent et de la culpabilité qu'elles font naître. Parti de l'histoire réelle du mal de vivre d'une jeune héritière (qui prend ici les traits d'Isild Le Besco), nous sommes conviés à suivre les destins croisés de quatre couple de personnages. Par ordre d'apparition, la jeune héritière Laurence et son ami Patrick (Lorànt Deutsch), le cadre radin Brett (Fabrice Luchini) et son thérapeute très spécial Helena (Géraldine Pailhas), le restaurateur angoissé et dispendieux Coway (Vincent Lindon) et son épouse enceinte Milène (Camille Japy) et enfin le cynique industriel rescapé Nicolas de Blamond (Claude Rich) et son fidèle Roberto.
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Le but avoué de l'auteur est de parler d'amour derrière la façade de l'argent. Il y réussit à moitié seulement, soit par excès de convention (la jeune fille riche qui veut être aimée pour elle-même), soit, au contraire, par l'invraisemblance des situations (une call-girl de luxe qui mute en analyste romantique de l'obsession monétaire) qui part cependant d'une bonne idée (la radinerie soignée par la vénalité) mais qui ne fonctionne pas. Autre handicap, le film juxtapose les trajectoires sans créer de réel lien entre elles autre qu'anecdotique ou fugitif et sans progression dans l'intensité narrative. Il reste linéaire même si l'humour affleure parfois ou si le pathétique et la solitude viennent, en contrepoint, donner une saveur aigre-douce à la recette du chef Le Guay.
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L'interprétation est, comme le reste, inégale. Luchini et Lindon restent dans un registre un peu caricatural quoique sympathique. Outre la valeur sure, Claude Rich, remarquable comme à son habitude, la surprise vient plutôt des Géraldine Pailhas dans un contre-emploi convaincant, Lorànt Deutsch tonique et drôle, Catherine Hosmalin en ouvrière licenciée pleine de ressources ou Bernard Bloch en huissier, accoucheur malgré lui.
L'hommage à Claude Sautet souhaité par le réalisateur ne saute pas aux yeux, la dimension dramatique et la profondeur psychologique des personnages, essentielles, faisant défaut au Coût de la vie. Celui-ci, bien qu'il n'ait pas la dimension des Short Cuts d'Altman, voire du Magnolia de Paul Thomas Anderson complaisamment évoqués, reste un film agréable mais vraisemblablement moins intéressant que les deux précédents films de Le Guay, L'Année Juliette et Trois huit.

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