mardi 17 juin 2003

Odd Man Out (huit heures de sursis)


Entre l'Organisation et la Loi, il n'y a que l'amour et la mort.

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Odd Man Out est le premier des trois films majeurs tournés entre 1947 et 1949 par Carol Reed (avec The Fallen Idol et le plus connu The Third Man). Il est également le premier produit par le réalisateur, ce qui explique probablement l'investissement personnel, tant sur le plan esthétique que thématique, que l'on y perçoît.
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Tirée d'un ouvrage de l'écrivain britannique F.L. Green, c'est une œuvre étrange, comme le suggère son titre original. Peu de points communs avec The Informer de John Ford. Le monde de l'enfance et du rêve (le titre est également un extrait d'un conte signifiant "celui qui sort de la ronde") y côtoie celui des adultes dans une interaction qui n'est pas primaire. Si l'histoire est simple, la longue errance d'un Johnny McQueen moribond dans les rues d'un port de l'Irlande du nord, Carol Reed densifie son propos par une galerie de personnages (pour ne pas dire caractères) extrêmement diversifiée et symbolique : Dennis (Robert Beatty) et Kathleen (la diaphane Kathleen Ryan) qui, pour des raisons différentes, veulent sauver McQueen, le chef de la police (remarquable Denis O'Dea), Shell le vagabond (Peter Judge), l'inquiétant peintre Lukey (Robert Newton), le tenancier de bar, le cocher, le prêtre, les femmes et les enfants...
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Le problème est qu'il semble ne pas choisir entre un essai psychologico-social et un récit spirituelo-fantastique. On a parfois l'impression d'être devant une peinture classique de Wright of Derby ou de Goya, des peintres du clair-obscur (caricaturiste et illustrateur de scènes populaires pour l'espagnol). Le film y perd un peu de son unité mais y gagne indéniablement d'un point de vue poétique et plastique. Le réalisateur joue déjà à merveille avec la lumière et les ombres.
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Le paradoxe veut que l'acteur principal, James Mason, bien qu'il occupe tous les intérêts au cours du film, n'apparaisse que rarement, dans une composition un peu linéaire. On est alors surpris d'apprendre qu'elle est celle qu'il préférait de toute sa carrière pourtant longue et riche. Et qu'elle ait donné à cette dernière une sérieuse impulsion internationale. Peut-être parce qu'elle résume à elle seule la typologie des rôles qui ont marqué l'acteur, celle de la fatalité et de l'échec.

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