mardi 3 juin 2003

L'Homme de Rio


"- Mais c'est affreux ce qui nous arrive. Hum ! c'est délicieux"
"- C'est affreux ou c'est délicieux ?"
"- La glace est délicieuse et c'est affreux ce qui nous arrive... Ce que tu peux être chinois !"

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Elle n'anticipe pas un peu, Mlle Agnès (alias la délicieuse Françoise Dorléac) ?
Un équilibre presque parfait entre aventure, humour, intelligence du scénario et des dialogues, interprétation (aussi bien les premiers que les seconds rôles), le tout rythmé à 100 à l'heure sur des airs de samba. L'Homme de Rio a donné envie à toute une génération (je parle en connaissance de cause) de faire du cinéma. D'autant que, comme tout ce qui est réussi, cela a l'air prodigieusement simple. Parmi elle, on doit certainement trouver un certain Steven Spielberg dont la trilogie des Indiana Jones doit beaucoup à cet illustre prédécesseur.
L'influence "Tintinesque" de "l'Oreille cassée" est manifeste (et, je crois, revendiquée par Broca), matinée d'un "je ne sais quoi" de Bob Morane drôle. L'histoire est bien "cousue", mêlant juste ce qu'il faut de mystère et de comique. Il se dégage un souffle formidable, renforcé par les espaces* et les lumières du Brésil. Les dialogues, notamment ceux entre Adrien Dufourquet et Agnès Villermosa sont savoureux.
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Jean-Paul Belmondo n'en fait pas encore trop. Bien sûr, il est omniprésent, il "se mouille", mais sans que cela soit purement démonstratif. A l'inverse, les scènes de course sont très belles car elles sont, la plupart du temps, filmées en plongée vertigineuse, procédé qui rend le héros vulnérable. Elles sont l'expression d'une impuissance contre laquelle il semble que la dépense d'énergie reste la seule ressource. Françoise Dorléac est, tout au long du film, extrêmement attachante, même (surtout) quand elle joue les petites filles gâtée et capricieuse (on évalue, en la voyant à l'écran pétiller comme le meilleur des champagnes, la perte immense qu'a constitué sa disparition précoce. Elle allait encore renforcer cette sensation par son rôle dans le film de Truffaut qui suit L'Homme de Rio, puis dans celui de Roman Polanski). Les rôles secondaires sont à l'unisson et du même diamètre (de surdo) : Jean Servais en professeur pernicieux, Daniel Ceccaldi en inspecteur de police imbécile, Ubiracy De Oliveira, l'enfant ingénieux des favelas, Adolfo Celi en millionnaire mégalomane ou Simone Renant en Ange bleu français perdu en Amazonie.
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Soulignons enfin ce toujours étonnant et fantastique final qui permet à Philippe de Broca d'apporter une petite touche écologique avant l'heure (son bas relief vivant est saisissant). A ce propos une première question qui est, jusqu'à aujourd'hui restée sans réponse : Est-ce la malédiction maltèque qui rend la justice ou les détonations des ingénieurs ? Deuxième question (qui n'a rien à voir) : que symbolise le vieux monsieur qui clôt le film ? Bon, cette critique étant à présent finie, j'espère que je ne vais pas mettre trois heures pour rentrer à Viroflay !!

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*en particulier ceux de Brasilia en construction, voulues par le président Juscelino Kubitschek et initialement formalisée par les architectes Oscar Niemeyer et Lucio Costa.

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