lundi 12 mai 2003

The Peacemaker (le pacificateur)


"Je n'ai pas peur de l'homme qui veut dix armes nucléaires, je suis terrifiée par celui qui n'en veut qu'une."

The Peacemaker est un film d'action plutôt réussi. Le scénario, classique, fait penser au récent La Somme de toutes les peurs. Il est probablement plus réussi que ce dernier. D'abord parce que le film ne connaît aucune rupture de rythme. Ensuite, parce que sur le plan de la mise en scène, Mimi Leder fait montre d'un brio et d'une créativité qui font parfois défaut à Phil Alden Robinson. La scène initiale (le vol des charges nucléaires en train) de 20 minutes est, de ce point de vue, manifeste : recherche visuelle, fluidité des plans de caméra et énergie sont réunies pour démontrer le talent (évident aussi dans la poursuite qui tourne au duel automobile - digne d'un western - à Vienne) de la réalisatrice dans un genre réputé difficile, en particulier pour une femme.
Mimi Leder est, avec Kathryn Bigelow, une des rares femmes directrices de films reconnues à Hollywood. Elevée par son réalisateur de père, Paul, sur les plateaux d'un cinéma indépendant, elle a débuté sa carrière par la télévision et notamment la série Urgences produite par la société de Steven Spielberg, Amblin Entertainment. C'est d'ailleurs ce dernier qui lui proposera le scénario et la réalisation de son premier filmThe Peacemaker (titre un peu décalé et peu accrocheur en français). Ce sera également la première production de la toute récente DreamWorks SKG fondée par le trio Spielberg-Katzenberg-Geffen et dont la vocation affichée est de financer des films commerciaux.
Anecdote intéressante à ce sujet : lorsqu'elle se voit confier le tournage du film, Mimi Leder demande à Spielberg : "- Qu'est-ce qui vous fait penser que je puisse tourner un film d'action ?" "- Vous le prouvez tous les jours dans la série Urgences !". Même si les salles d'opérations sont loin, la confiance de Spielberg était parfaitement fondée. Mimi Leder a néanmoins gardé son "acteur fétiche", George Clooney, surprenant mais pourtant crédible et très efficace en officier baroudeur et "raisonnablement" violent. Nicole Kidman est, même si ce n'est pas son registre de prédilection, convaincante dans la peau de la froide et technicienne bureaucrate Julia Kelly. Sa conversion progressive de la réflexion à l'action, parallèle à son attirance pour le Colonel Thomas Devoe, (même s'il n'y a pas de place pour reprendre son souffle et échanger un baiser : priorité à l'action), est particulièrement bien composée.
Le propos du film est, quant à lui, très actuel et pertinent. Nous vivons une époque où la "supra-gouvernance" souhaite s'imposer à l'échelle des continents, voire de la planète. Ce mouvement s'accompagne, paradoxalement, de la disparition de l'Histoire (ou des histoires collectives) au profit des tragédies (ou stratégies) personnelles susceptibles de bouleverser notre monde. Ce n'est sans doute pas un hasard si le film s'ouvre et se ferme (si l'on se limite au récit lui-même) sur une scène dans une église.Pour conclure, à la vision du Peacemaker, on peut affirmer que Mimi Leder est de la "trempe" d'un McTiernan, la féminité en plus, ce qui est un avantage puisque l'humanité y prend une dimension plus large. Cette connexion entre les deux cinéastes n'est pas gratuite puisqu'il semble que Mimi soit appelée à remplacer John pour le tournage de Smoke and Mirrors.

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