jeudi 1 mai 2003

Abril despedaçado (avril brisé)


"Dans cette maison, ce sont les morts qui commandent les vivants."

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Comment faire cesser un implacable cycle de vengeance entre deux familles ? Nous sommes au Brésil. Loin des images convenues du beau et coloré pays, emplies de légèreté et de joie de vivre, c'est l'austère et aride terre du Nordeste qui est ici le cadre d'une tragédie classique. De toute évidence, nous sommes au XXe siècle, mais nous pourrions aussi bien être plongés dans un univers médiéval, réfractaire au changement. Après le meurtre de son frère aîné Inacio, Tonho (Rodrigo Santoro) est "investi" de la mission de le venger. Il deviendra alors, après un "délai de grâce", la prochaine victime de ce qui apparaît être une lutte ancestrale entre deux familles, les Breves et les Ferreira. L'une vit de plus en plus difficilement de la culture de la canne à sucre. L'autre, plus prospère et nombreuse, élève du bétail. Toutes les deux sont ancrées dans des traditions étouffantes qui semblent "repousser le temps". Mais, bien que la modernité, et avec elle la remise en question des modes de vie, parvienne enfin à émerger, ce n'est pas elle qui va transformer le destin des derniers frères Breves. L'amour va lui voler ce rôle.
 - film - 3027_1
Walter Salles, réalisateur de Central do Brasil ("Ours d'or" du Festival international du film de Berlin en 1998, sélectionné pour l'"Oscar" et le "César" du meilleur film étranger en 1999) met en images le roman éponyme d'Ismaïl Kadare, en le transposant de l'Albanie à son Brésil natal. Le metteur en scène a, en effet, trouvé d'étranges similitudes entre les pratiques ancestrales des deux pays. Son film traduit parfaitement la sécheresse des terres et des coeurs. L'image occupe plus de place que les dialogues ; une sobriété, parfois un peu esthétisante, règne dans ce récit dirigé avec un évident talent. Walter Salles a choisi un déroulement de l'action du point de vue du plus jeune frère Breves, Pacou (Ravi Ramos Lacerda), probablement, malgré son âge, le comédien le plus remarquable du film. Mais toute la distribution est à la hauteur. La photographie et la partition musicale sont particulièrement réussies et cisèlent l'aspect poétique d'Abril despedaçado. Un film beau et intelligent.



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